jeudi 28 juillet 2022

Couteau suisse

 


Son appellation d’origine est le « couteau d’officier suisse et de sport » et son brevet a été déposé par Karl Elsener en 1897. Il comportait deux lames, une grande et une petite servant aussi de lime, un tire-bouchon, un ouvre-boîte, un poinçon et un tournevis. Dans les années 1920, l’acier inoxydable a été inventé et bien sûr utilisé pour ce canif et c’est depuis lors qu’il est fabriqué sous le label « Victorinox » une contraction de « Victoria », prénom de la mère d’Elsener et « inox ».

Ce couteau était bien sûr destiné à l’armée helvète qui en disposait déjà en 1891, avant le dépôt du brevet. Au départ, il était noir, son design changera en 1909 avec la couleur rouge et la croix blanche.  

Après la deuxième guerre mondiale, le « Swiss Army Knife » est devenu un cadeau-souvenir distribué par les soldats américains en Europe, ce qui a contribué à sa notoriété. Le modèle présenté en illustration comporte 33 outils, mais loin du record détenu par le « Wenger 1699 » qui en a 87 ! Evidemment, ça devient un peu lourd dans la poche…

De façon imagée, on dira d’une personne polyvalente ou d’une activité, d’un objet à facettes multiples que c’est un couteau suisse. Par exemple, le décathlon est le couteau suisse de l’athlétisme. Il y a aussi bien sûr aussi notre smartphone avec ses innombrables applications.


Autant savoir.

samedi 23 juillet 2022

Rater le coche

Rappelez-vous la fable de La Fontaine « Le coche et la mouche » restée célèbre dans le langage courant avec « faire la mouche du coche », s’agiter beaucoup sans vraiment être utile.

« Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, / Et de tous côtés au soleil exposé / Six forts chevaux tiraient un coche … / Une mouche survient, et des chevaux s’approche / Prétend les animer par son bourdonnement / Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment / Qu’elle fait aller la machine… »

Le coche c’était une grosse voiture tirée par des chevaux, conduite par un « cocher » et qui passait par des « portes cochères ». C’était l’autobus d’autrefois dont il ne fallait pas rater le départ sous peine de devoir attendre … longtemps ; d’où le sens figuré de l’expression : manquer une belle occasion.


                                    Le coche et la mouche, illustration de Gustave Doré (1832-1883)

Jadis, il y avait aussi les coches d’eau, ces bacs qui permettaient de traverser une rivière ou un fleuve, les ponts étaient moins nombreux qu’aujourd’hui et évidemment, c’était important d’être à temps pour le passage sur l’autre rive. Notre expression vient aussi de là.

Remarque pour ceux qui aiment l’étymologie : les deux « coche » n’ont pas la même origine. Selon les linguistes, celui sur roues viendrait de l’allemand « Kutsche » du nom d’un important relais de Poste tandis que le fluvial serait une évolution du mot latin « caudica », une embarcation, un canot.


Autant savoir.

 

vendredi 22 juillet 2022

Pleurer comme une Madeleine

Dans l’évangile, Marie de Magdala appelée souvent Marie-Madeleine, se jette aux pieds de Jésus en les arrosant de ses larmes ; cette ancienne prostituée lui confesse ses péchés et, ayant obtenu son pardon, essuie les pieds du Christ avec sa chevelure. Elle deviendra une de ses adeptes et le suivra jusqu’à sa crucifixion sur le Golgotha … où, sans doute, elle a de nouveau versé beaucoup de larmes. Voilà pourquoi on dit « pleurer comme une Madeleine ». C’est pleurer « à chaudes larmes » ou « toutes les larmes de son corps » ou encore « comme une fontaine ».








Marie-Madeleine, détail d’un tableau de Philippe de Champaigne (1602-1674)

Dans « A la recherche du temps perdu » de Proust (1871-1922), l’auteur se remémore son passé en mangeant une madeleine. La saveur de ce petit gâteau mou lui rappelle un épisode de son enfance. Passage célèbre, c’est la madeleine de Proust : « Je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause (…) Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray, quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul… »


Certains disent que ce gâteau s’appelle ainsi parce qu’il fond dans la bouche comme Marie-Madeleine fondait en larmes … à moins que ce soit dû au prénom d’une cuisinière, Madeleine Paulmier, qui au XVIIIème siècle aurait inventé la recette.

Autant savoir.

mardi 19 juillet 2022

Être blackboulé

C’est être évincé sans ménagement, c’est voir sa candidature refusée à un poste, à une élection.

Cette tournure nous vient directement d’Angleterre avec ses cercles privés. Il n’a jamais été facile d’être admis dans ces clubs, il faut être parrainé et surtout être accepté par la majorité des membres qui procèdent à un vote.

Jadis, cela se faisait à l’aide de boules à déposer dans une urne : la blanche c’était favorable mais la noire (black) signifiait un refus. S’il y avait plus de noires que de blanches, on était alors « blackboulé » !









Autant savoir.

 

dimanche 17 juillet 2022

Jeu de cartes

Notre jeu de cartes à jouer est apparu en Europe à la fin du XIVème siècle. Il venait d’Orient, probablement de l’Inde, et a connu très vite un succès fulgurent au point que l’Eglise a condamné ce divertissement qui détournait les fidèles de la pratique religieuse : des autodafés de cartes ont même été organisés notamment à Bologne en 1423 et à Nuremberg en 1452 !

Sans que l’on sache vraiment pourquoi, il présente d’étranges similitudes avec le calendrier.

Le jeu compte 52 cartes, tout comme le nombre de semaines en une année et ces cartes sont réparties en 4 couleurs (as, pique, carreau, trèfle) qui rappellent les 4 saisons. Il y a aussi les personnages (4 valets, 4 dames, 4 rois) qui sont 12 comme les mois de l’année. Enfin, si l’on additionne tous les points du jeu, on arrive à 364 et il y a le joker pour faire les 365 du cycle annuel et même un deuxième pour les 366 des années bissextiles !


Autant savoir.

  

jeudi 14 juillet 2022

LU et son Petit-Beurre

Ce biscuit archicélèbre existe depuis 1886, il a été créé par une famille nantaise les Lefèvre-Utile dont les initiales ont donné la marque LU. Au début du XXème siècle, leur usine à Nantes est un modèle du genre : tout est fabriqué, emballé sur place par un bon millier d’ouvriers qui, c’est novateur, sont intéressés aux bénéfices de l’entreprise et jouissent d’avantages sociaux. Ce sera un succès commercial qui perdurera jusqu’à nos jours. Voyez les rayons de nos grandes surfaces, LU est partout, l’entreprise est maintenant propriété du groupe Kraft, mais le Petit-Beurre traditionnel est toujours là !

Il n’a pas changé depuis tant d’années : un biscuit rectangulaire entouré de 52 dents comme les 52 semaines de l’année, de grandes oreilles aux 4 coins, les 4 saisons, 24 petites perforations, les 24 heures de la journée. C’est voulu et symbolique, le Petit-Beurre se mange à toute heure et toute l’année !


On connaît le bon mot attribué à Sarah Bernhardt : « Je ne trouve rien de meilleur qu’un petit LU. Oh si ! Deux petits LU ».

Autant savoir.

 

lundi 11 juillet 2022

La Lorelei

 « Et la vague engloutit bientôt / Le batelier et son bateau…

C'est ce qu'a fait au soir couchant / La Lorelei avec son chant ».

 Ainsi se termine le poème publié en 1824 par l’écrivain allemand Henrich Heinen qui, comme beaucoup d’artistes, a été inspiré par la célèbre légende de la Lorelei

En amont de Coblence, le Rhin a dû creuser son lit dans les montagnes, le cours est sinueux, le courant est violent et l’on dit que l’écho entre les falaises s’y répète sept fois. Jadis, ce passage était périlleux pour les mariniers. Selon la légende, Lorelei est une belle jeune fille aux cheveux d’or qui, assise sur un rocher, chante magnifiquement. Les navigateurs envoûtés en oublient la dangerosité du fleuve et sont entraînés sur les récifs.

 C’est le mythe des sirènes d’Ulysse, version germanique.


                      La Lorelei, statue sur une île du Rhin à Sankt-Goarshausen

Le rocher de la Lorelei se trouve entre Bingen et Coblence, dans cette vallée aux multiples châteaux, le « Rhin romantique » classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

 Autant savoir.

samedi 9 juillet 2022

Généalogie

« Nous descendons tous d’un roi et d’un pendu » écrivait La Bruyère au XVIIème siècle, et c’est bien vrai. Si vous partez à la recherche de vos ancêtres, vous trouverez certainement de nobles personnages mais aussi d’autres moins recommandables.


La généalogie, une passion à la mode que maintenant grâce à la numérisation, on peut faire depuis son ordinateur. Plus besoin d’aller aux archives pour consulter les microfilms des Mormons. Tout est à portée de clic… du moins pour nos lointains aïeux, ceux qui sont nés il y a plus de 100 ans. Pour les parents plus récents, il faut faire appel à sa mémoire ou interroger les membres de sa famille.

Les registres d’état civil permettent de remonter jusqu’à 1800. Pour aller au-delà, il y a heureusement les registres paroissiaux, ces listes de baptêmes et décès tenus par les curés de paroisse. Les plus anciens datent du XVIème siècle. Pour les siècles précédents, il faut fouiller dans les documents du passé et les généalogies tenues par les familles de la noblesse.

Travail ardu mais passionnant. En construisant l’arbre familial, on préserve le souvenir de ceux qui nous ont précédés et on a l’impression de « ressusciter » des personnes dont plus personne ne se souvient. Si votre ascendance vous intéresse, consultez le site www.geneanet.org qui regroupe le travail de nombreux généalogistes (dont le mien, pseudo « piaggio »)

« Oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racine » (Proverbe chinois)

Autant savoir.

 

jeudi 7 juillet 2022

Péage et payer



Les péages se sont multipliés sur les autoroutes et chaque fois, il faut ouvrir son portefeuille ou sortir sa carte bancaire. Alors tout naturellement on pense que le mot « péage » est lié au verbe « payer ». Eh bien non ! C’est un dérivé du latin « pes, pedis » (= le pied) qui veut dire littéralement, le droit de mettre le pied, le droit d’entrer…

Au Moyen Age, les péages étaient nombreux, il y en avait partout : pour passer un pont, emprunter un chemin, traverser un territoire ; c’est ainsi que les seigneurs locaux garnissaient leur escarcelle…

Quant au verbe « payer », il vient directement du latin « pacare » qui voulait dire pacifier, faire la paix. On trouve dans ce mot la racine « pax », la paix. Quand on s’acquitte d’une dette, on évite en effet un conflit, on fait la paix !

Autant savoir.

 

mardi 5 juillet 2022

Copains comme cochons



Ils sont bien sympas ces deux compères de la photo mais l’expression « copains comme cochons » qu’on utilise pour des amis inséparables, n’a rien à voir avec les animaux de la ferme ! Le mot « cochon » ici est une déformation du terme aujourd’hui disparu « soçon » venant du latin « socius » qu’on peut traduire par associé ou partenaire.

Copain a la même étymologie que compagnon : la préposition latine « cum » (=avec) suivie de « panis » (=pain). C’est à l’origine celui avec lequel on partage du pain.

Avec son camarade, on ne partage pas le pain mais la chambre. Ce terme était réservé jadis au domaine militaire, aux casernes : on appelait ainsi un compagnon d’armes qui logeait dans la même chambrée (la « camara »).

Quant à compère, il peut avoir un sens équivalent mais aussi désigner une personne avec laquelle on a fait une plaisanterie ou un mauvais coup. Le terme a pourtant une très belle origine : le compère, c’était celui qui accompagnait le père (cum + pater), c’est-à-dire le parrain d’un enfant. Pour la marraine, on disait « commère » qui a pris un sens un peu péjoratif : une femme qui colporte les ragots.

Autant savoir.

 

samedi 2 juillet 2022

Soixante-dix ou septante ?

Pour comprendre comment on en est arrivé en France à dire soixante-dix, soixante-et-onze, soixante-douze…il faut se remettre dans la peau d’un enfant qui essaie de compter jusqu’à cent. Le saut des dizaines n’est pas facile…Jusqu’à cinquante, soixante, ça va, mais plus loin c’est plus compliqué et on est tenté de dire « soixante-neuf, soixante-dix, soixante-et-onze … ».  Les petits Français ont, semble-t-il, eu plus de mal que les Belges ou les Suisses car cette « erreur » est passée dans le langage courant dans l’Hexagone.

Mais problème, après soixante-dix-neuf, il aurait fallu dire soixante-vingt, mais là, la vieille habitude des Gaulois qui comptaient par vingtaines, a repris le dessus, c’est devenu quatre-vingts et puis on est reparti sur cette base jusqu’à cent et c’est ainsi que l’on dit quatre-vingt-dix et non nonante. Cette façon alambiquée de compter a été officialisée en 1650 par le grammairien Vaugelas dans ses « Observations sur la langue française ».

Finalement, ce sont les Suisses qui savent le mieux calculer avec leurs septante, huitante ou octante et nonante…

Le mot « septante » existe pourtant bien dans le vocabulaire français : c’est la traduction en grec de l’Ancien Testament qui avait été écrit en hébreux et en araméen. Cette traduction date du IIIème siècle avant JC et, selon la tradition, elle serait l’œuvre de 72 traducteurs … et est dénommée « la Septante » : pour ce document, les Français ont oublié leur « soixante-dix » !


                                                              La Septante

Autant savoir.

  

Peau de chagrin

Autrefois, on disait «  se rétrécir comme une peau de sagrin  » et non «  de chagrin  ». C’est la similitude de consonance qui a fait qu’o...