dimanche 21 janvier 2024

Chiner

Chiner, c’est bien sûr brocanter, parcourir les marchés aux puces pour dénicher un objet qui peut être de collection, de décoration ou simplement encore utilisable.

L’origine du mot est donnée par le dictionnaire de l’Académie française : c’est une allusion à un métier de jadis, celui des chiffonniers qui déambulaient de rue en rue pour acheter ou vendre de vieux vêtements. Et souvent il leur fallait transporter de lourdes charges sur le dos, sur l’échine, il fallait s’échiner. Voilà d’où viennent les termes chiner et chineur qui ont d’abord été utilisés pour ceux qui vendaient avant de passer aux clients qui courbent l’échine pour trouver la perle rare.

                                                             Chiffonnier à Paris en 1899 (Photo d'Eugène Atget)

Mais on dit aussi « un pull ou un tissu chiné » quand les points de couleur donnent un aspect moucheté. L’étymologie ici est différente : cela vient du pays, la Chine qui, déjà aux siècles anciens, envoyaient des marchandises en Europe et notamment des broderies en soie très colorées qui ont été appelées « chinage ». C’est l’origine du vocable quand il s’agit du textile.

Sans oublier la petite passoire de cuisine appelée « chinois » qui doit son nom à sa forme conique rappelant le chapeau pointu traditionnel des Chinois.

Autant savoir.

 

 

vendredi 19 janvier 2024

Sirène

Après la guerre de Troie, Ulysse voulait regagner son île Ithaque où l’attendait « Pénélope au cœur fidèle », dit l’Odyssée, mais les vents contraires ont emporté son bateau jusqu’au détroit de Sicile où les sirènes par leurs chants mélodieux essayaient d’entraîner les navigateurs sur les récifs. On connaît l’histoire et on imagine Ulysse tenté par ces créatures mi-femmes, mi-poissons… Il n’en est rien ! Les sirènes d’Homère, c’étaient des oiseaux avec une tête de femme.

 


Les sirènes d'Ulysse, décor d’un vase grec.

La sirène au corps de poisson et au buste féminin, est bien plus tardive, elle vient de la mythologie scandinave, comme en atteste la petite statue en bronze de Copenhague !

Mais qu’elle soit grecque ou nordique, son rôle est le même, c’est une séductrice, dont il faut se méfier... C’est pour cela qu’on appelle sirène cet appareil qui produit un son destiné à avertir d’un danger.

Autant savoir.

 

mardi 16 janvier 2024

Tom Pouce

 


Ce petit gâteau glacé est un « Tom Pouce » en Belgique et « Tompoes » aux Pays-Bas … et cela depuis 1840 ! A cette date, un pâtissier d’Amsterdam l’a ainsi baptisé à l’occasion du passage dans la ville du cirque Barnum. Une des vedettes du cirque était un nain qui pour son sketch se faisait appeler « Général Tom Thumb » (Tom Pouce en français) et qui avait acquis une célébrité internationale. Sans doute que le boulanger a voulu utiliser la notoriété de ce spectacle pour promouvoir ce dessert.

Tom Pouce est un conte qui nous vient de l’Angleterre du XVIIème siècle. Il a été repris par les Frères Grimm en 1819. C’est l’histoire d’un couple déjà âgé qui voulait à tout prix un enfant, « même pas plus grand qu’un pouce » disaient-ils et leur vœu fut exaucé : un enfant minuscule est né. Ce tout petit bonhomme a vécu pas mal d’aventures merveilleuses…

A ne pas confondre avec le Petit Poucet des contes de Perrault, le cadet d’une famille nombreuse : abandonné en forêt par ses parents miséreux, il retrouve son chemin grâce à des cailloux qu’il avait semés sur son passage !

En fait ce glacé est une variété du mille-feuilles Napoléon français qui a été popularisé un peu partout en Europe avec les guerres de l’empereur en gardant d’ailleurs son nom : par exemple « Napoleonschnitte » en Allemagne ou « Napoleonbakelse » en Autriche … et il a traversé l’Atlantique, on le retrouve aux Etats-Unis, c’est « a napoleon » ou simplement « a nap ».

Autant savoir.

 

 

samedi 13 janvier 2024

Bruxelles/Brussel : origine du nom

« Vindicien, évêque de Cambrai, tombe malade et meurt à Brosella ».

Cette phrase, extraite d’un manuscrit de 695, est la première mention de Bruxelles. Dans d’autres textes, on parle d’un pont sur la Senne et de l’île Saint-Géry, au milieu de marécages, avec un enclos fortifié. Le nom est devenu Bruoscella en 966, Brusela en 1092, Brusellia en 1213…etc.

L’origine du mot est incertaine mais semble être bilingue : un mélange de flamand et de latin. Le « Bru » viendrait du néerlandais « broek » qui signifie « marécage, marais ». C’est d’ailleurs encore comme cela qu’on appelle le bas de la ville : « Broek » pour les Flamands, « Le Marais » pour les francophones. Quant à la deuxième partie « xelles/ssel », on y retrouve le latin « cella » qu’on peut traduire par « temple, chapelle ».  

Bruxelles/Brussel voudrait donc dire « La chapelle du marais ». On peut en déduire qu’il y avait un lieu de culte sur une île au milieu du bourbier de la Senne et qu’une bourgade s’y est développée. Elle devait être déjà importante en 695 pour que l’évêque de Cambrai s’y déplace.

Cela nous paraît étrange qu’une localité s’implante dans un environnement marécageux, mais il ne faut pas oublier l’insécurité des temps anciens : on cherchait des lieux de refuge difficilement accessibles aux malfrats de tous bords.

Autant savoir.

 

jeudi 11 janvier 2024

Eva Perón ou Evita

L’Argentine vient d’élire un nouveau Président ultralibéral Javier Milei qui a battu le candidat péroniste. L’occasion de rappeler l’origine du péronisme qui doit beaucoup à Eva Perón.

« Evita », c’est ainsi que les Argentins l’appelaient affectueusement, cette femme du peuple devenue Première Dame du pays et décédée d’un cancer à 33 ans en 1952. Actrice et animatrice d’une radio locale, elle avait épousé le colonel Juan Domingo Perón qui sera élu Président de la République argentine. Au cours de leurs années au pouvoir, le couple a bâti ce qu’on appellera plus tard le « péronisme » qui prône la justice sociale. Très populaire grâce à son charisme, Evita est devenue une véritable icône adulée dans les milieux les plus défavorisés.

                                                                            Evita et le Président Perón

Mais alors qu’on voulait la nommer vice-présidente, la maladie l’a emportée. Ses funérailles furent grandioses, son corps embaumé est resté exposé au siège de la Confédération des Travailleurs… jusqu’au changement de régime politique : les militaires responsables du coup d’état ne veulent pas de ce symbole et son cercueil sera déplacé secrètement. Pendant deux décennies il sera caché en différents endroits et sera même transféré en Italie. Il ne reviendra à Buenos Aires qu’en 1974.

Depuis lors, les hommages n’ont cessé de se succéder, notamment avec une comédie musicale en 1996 « Evita » dont Madonna reprendra le thème principal avec la chanson devenue un tube planétaire « Don’t cry for me Argentina ».

Pour écouter : https://youtu.be/azqDH0QHlsk 

Autant savoir.

lundi 8 janvier 2024

Marcher de guingois

Belle expression maintenant peu utilisée qui signifie avoir une démarche malaisée, de travers, en claudiquant. Cela peut se dire de façon figurée pour une affaire qui est en train de mal tourner. Voici l’histoire de ce mot et de ses cousins.

Au Moyen-Age, on jouait de la « gigue », l’ancêtre du violon. Le terme est d’origine germanique et est passé dans l’allemand moderne : « geige » c’est le violon. Et par extension, cela a donné le nom à une danse, la « gigue », très rythmée, populaire en Irlande et en Angleterre, surtout dans le milieu de la marine. Tout naturellement on a créé en français le verbe « giguer » : danser, sautiller, gesticuler, « gigoter ».

Dans certaines régions, « giguer » a évolué vers « guinguer » ou « guincher ». Les mouvements saccadés des danseurs ont donné le « guingois » de notre expression.

On peut faire le rapprochement avec « guinguette », un établissement de boissons où souvent on danse. Au XVIIème siècle, on parlait d’une « maison guinguette », cet adjectif signifiait petite, étriquée comme un « habit ginguet » trop court ou un « vin ginguet », aigre pas encore à maturité. Par la suite, par assimilation avec « guinguer », le terme a pris le sens d’un petit bar populaire en plein air qui invite à la danse.

                                       Le déjeuner des canotiers d’Auguste Renoir (1881), une guinguette.

PS : le gigot d’agneau est appelé ainsi parce que, avec son os, il a la forme d’un violon, d’une gigue.

Autant savoir.

 

mardi 2 janvier 2024

Les rois mages et l’enfant au tambour

Gaspard, Melchior et Balthazar, ces rois de l’Epiphanie n’ont jamais existé ! C’est une invention des premiers chrétiens. Un seul évangile, celui de Saint Matthieu, relate la venue de « mages » auprès de l’enfant Jésus, ce ne sont pas des rois mais des astronomes de l’époque qui suivaient une étoile et pas question de leur nombre ni de leur noms… C’est l’imaginaire populaire qui les a créés !

L’histoire des rois mages a inspiré le chant de Noël « The little drummer boy » composé en 1941 par Katherine Kennicott Davis. C’est devenu en français « L’enfant au tambour ». A l’origine, c’est un enfant arrivé à Bethléem avec les rois mages qui n’ayant pas de présent pour le petit Jésus joue une ritournelle sur son tambour en guise de cadeau. Ce conte a été transposé dans de nombreuses langues avec des textes bien différents de l’original mais il s’agit toujours d’un hymne à la paix dans le monde.

Voici la superbe interprétation de ce chant de Noël par un groupe asiatique. La musique est un langage universel qui permet de partager des émotions avec des peuples d’horizons très différents :

Gracias Choir - The Little Drummer Boy (youtube.com)

Autant savoir.

Peau de chagrin

Autrefois, on disait «  se rétrécir comme une peau de sagrin  » et non «  de chagrin  ». C’est la similitude de consonance qui a fait qu’o...