dimanche 29 janvier 2023

Ecole buissonnière

 


Dans son « Dictionnaire universel » paru en 1690, Antoine Furetière en donne une définition amusante : «L’école est appelée buissonnière lorsqu’on la fréquente si peu que les ronces et les buissons y naissent». Explication farfelue mais cela veut quand même dire que l’expression faisait partie du langage courant au XVIIème siècle.

Elle était déjà utilisée aux siècles précédents pour des écoles clandestines : des maîtres enseignaient secrètement dans les campagnes en se cachant … pour ne pas payer de redevances ! Par la suite, les protestants ont fait de même : leur religion étant proscrite, ils se réunissaient dans les sous-bois pour les offices et prêches à leurs adeptes. C’était leur école buissonnière

Jadis, on était donc loin de la signification actuelle, sécher les cours. Bien au contraire, on voulait s’instruire en se cachant dans les bocages, mais avec le temps, l’aspect bucolique l’a emporté et on a vu dans cette sortie champêtre une partie de plaisir, une façon d’échapper à une obligation…

 Autres expressions ayant un sens voisin : aller quelque part par le chemin des écoliers ou prendre la clé des champs !

Autant savoir.

 

vendredi 27 janvier 2023

Ciao


Un peu partout dans le monde, on se salue familièrement d’un « ciao ». Le mot vient de l’italien « schiavo » (esclave) une réduction de « Sono vostro schiavo » (Je suis votre esclave) qui a une origine vénitienne : cela voulait dire qu’on était prêt à aider l’autre. C’est l’équivalent de la formule de politesse française « A votre service » qui se disait autrefois « Serviteur » ou parfois « Service », comme dans les pièces de Molière ou de Marivaux.

Dans la correspondance de jadis, on finissait les missives par un « Je suis votre serviteur » ou même « votre très humble et très obéissant serviteur ». Cette littérature nous paraît maintenant bien surannée !

Autant savoir.

 

 

 

lundi 23 janvier 2023

Il Silenzio



Cette magnifique partition à la trompette mondialement connue date de 1965. Elle est due à l’italien Nini Rosso. Elle fait un peu penser au « Last Post » des militaires qui est joué au clairon en hommage aux soldats tombés au front, et notamment chaque soir depuis l’Armistice, à Ypres au Mémorial de Menin, un hommage quotidien aux victimes de la guerre 14-18.

« Il Silenzio » c’est un peu l’équivalent version civile, mais avec une mélodie différente conçue pour la trompette et non pour le clairon. Cette composition musicale est souvent reprise lors des cérémonies de funérailles, son thème mélancolique suscite immanquablement le recueillement : en l’entendant, on ne peut que penser à tous les proches qui viennent de nous quitter…

Voici la saisissante interprétation d’une jeune fille, à la trompette bien sûr, elle avait 17 ans au moment de l’enregistrement. Pour l’écouter :

https://www.bing.com/videos/search?q=il+silenzio+trompette&docid=608001017017336615&mid=FBB2E9F3EC05DF852184FBB2E9F3EC05DF852184&view=detail&FORM=VIRE

Autant savoir.

 

dimanche 22 janvier 2023

« Frère Jacques, Frère Jacques, dormez-vous ? … Sonnez les matines… »

 


Cette chanson enfantine fait allusion à la vie dans les abbayes. Un frère sonnait les cloches sept fois par jour pour appeler les moines à la prière et la première fois, c’était à 3h du matin : les matines. L’angélus se fera entendre une deuxième fois à 6h pour les laudes ou la prime : c’est la première heure, le réveil de la communauté.

A 9h, sonne la tierce, la troisième heure puis à 12h la sexte (qui donnera notre sieste). 15h est appelée la none : c’est de là que vient le mot anglais « afternoon » (= après la neuvième heure). Le terme « nonne » (la sœur, la religieuse) a une origine différente < « nonna », la mère en latin.

18h ce sont les vêpres du grec « hespera », le soir et enfin les complies à 21h du latin « complere » achever, la fin du jour, la nuit commence.

Ce sont les sept temps de prière qui rythment la vie des religieux cloîtrés et en plus il faut encore placer la messe quotidienne. « Ora et labora » (= Prie et travaille) telle est la devise des Bénédictins, mais les moines tout à leurs dévotions avaient peu de temps pour travailler, ils étaient heureusement secondés par les frères dits « convers » ou « lais » qui étaient chargés du labeur manuel… dont faisait partie la sonnerie des cloches de notre chanson.

PS : Un frère lai, c’est un frère laïc, qui n’est pas prêtre. Le mot est dérivé du grec « laïkos » (= qui fait partie du peuple) et donc peu instruit par opposition à clerc, un membre du clergé, un lettré qui détient le savoir ! Quant à convers, il signifie simplement converti.


Autant savoir.

 

mardi 17 janvier 2023

Le Puy du Fou

Le célèbre complexe historique dont les spectacles retracent l’histoire de la Vendée porte un nom étrange : « Le Puy du Fou ». D’où vient cette appellation ? Gilles de Rais, le compagnon de Jeanne d’Arc, a vécu dans la région, au château de Tiffauges, et y est devenu un véritable Barbe-bleue à la fin de sa vie : il a été accusé d’avoir séquestré, abusé et torturé des enfants. Devenu fou, les aurait-il jetés dans un puits ? Serait-ce là l’origine de ce nom ?

Eh bien pas du tout. Le « Puy », c’est un mont, une colline…On retrouve le même mot dans le Puy-de-Dôme, la chaîne des Puys en Auvergne. Dans le Bordelais, le terme est devenu « Pey » qu’on retrouve dans beaucoup de lieux-dits ou d’appellations de crus (ex : Pey Bonhomme).

Et le « Fou » est un vocable qui vient de l’ancien français, c’était le nom du hêtre (< fagus en latin). On retrouve cette racine dans les fruits de cet arbre, les faînes.

Le Puy du Fou, c’est tout simplement la colline du hêtre.

Autant savoir.

 

samedi 14 janvier 2023

La « Mignonne » du Château de Talcy

A l’ouest d’Orléans, à quelques encablures de la Loire, se dresse le château de Talcy. Modeste manoir en comparaison de Chambord, Chenonceau ou Cheverny, mais cette gentilhommière a laissé son empreinte dans la littérature française. C’est là qu’a vécu la fille de Bernard Salviati, la belle Cassandre, célébrée par Pierre de Ronsard (1524-1585) surnommé « le prince des poètes » :

La « Mignonne » de la rose, c’est elle ! Voici le texte avec l’orthographe de l’époque.  

Mignonne, allons voir si la rose / Qui ce matin avoit desclose / Sa robe de pourpre au soleil, / A point perdu ceste vesprée / Les plis de sa robe pourprée, / Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace, / Mignonne, elle a dessus la place / Las ! las ses beautez laissé cheoir ! / Ô vrayment marastre Nature, / Puis qu’une telle fleur ne dure / Que du matin jusques au soir!

Donc, si vous me croyez, mignonne, / Tandis que vostre âge fleuronne / En sa plus verte nouveauté, / Cueillez, cueillez vostre jeunesse / Comme à ceste fleur la vieillesse / Fera ternir vostre beauté.

Dans un autre poème toujours dédié à Cassandre, Ronsard a écrit ces deux alexandrins qui ont traversé les siècles sans prendre une ride :

 Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain / Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

 Dans la famille Salviati, il y a eu une autre muse de poète : la nièce de Cassandre dont s’est épris Agrippa d’Aubigné qui a écrit pour « sa beauté divine » plus de six mille vers. Et ce n’est pas tout, la fille de Cassandre épousera Guillaume de Musset, un ancêtre direct d’Alfred de Musset !

Talcy, un château dédié à la poésie.








Château de Talcy

Autant savoir.

 

jeudi 12 janvier 2023

Faire grève

Jadis, quand on partait « en grève », c’était pour chercher du travail et non pour l’arrêter ! A Paris, les ouvriers sans emploi se réunissaient « Place de Grève » en face de l’actuel Hôtel de Ville, et c’est là que les patrons venaient pour les embaucher. Mais si l’ouvrier n’était pas content des conditions de travail, il retournait « en Grève » … ce qui est proche du sens actuel.

Le mot « grève » vient du latin « grava » qui donnera les mots gravier, gravats, grève (la plage de galets) et aussi Graves, le vignoble du Bordelais où le sol est caillouteux. A Paris, la place devant l’Hôtel de Ville en bordure de Seine était en sable et en gravier, d’où son nom, elle servait de débarcadère aux bateaux apportant vivres ou marchandises.


Gravure représentant la Place de Grève et l’Hôtel de Ville de Paris en 1583

Autant savoir.

 

 

dimanche 8 janvier 2023

Escale et biture

Le mot « escale » nous le devons aux marins génois du XVIème. C’est ainsi qu’ils désignaient les arrêts aux ports lors d’une navigation. En fait le terme est issu du latin « scala » qui a donné notre escalier mais aussi « échelle ». Une escale serait donc une échelle ? Eh oui, quand le bateau approchait des côtes, on sortait l’échelle soit pour descendre dans les chaloupes soit pour débarquer à quai… C’était l’escale !


Autre expression qui vient du langage de la marine : « pendre une biture » (être ivre en langage familier). Mais selon le dictionnaire, le terme « biture » désigne le câble de l’ancre que l’on déroule pour le mouillage du bateau. Si l’on prend la biture, c’est que l’on arrive à l’escale, on peut donc aller au bar du port pour boire un coup ou plus …

Autant savoir.


vendredi 6 janvier 2023

Marie la Misérable

C’était une très belle jeune-fille habitant au début du XIVème siècle le village de Woluwe-Saint-Pierre qui eut le malheur de rencontrer dans les bois un riche seigneur de Bruxelles. La trouvant fort à son goût, le noble voulut la séduire mais elle repoussa toutes ses avances. Vexé l’amoureux éconduit jura de se venger. Profitant de son absence, il déposa dans le logis de la belle un vase précieux et l’accusa ensuite de vol … puis de sorcellerie ! Marie fut condamnée à être enterrée vivante !

Par la suite, l’endroit de son supplice en bordure de la Woluwe est devenu un lieu de pèlerinage, il y aurait eu des miracles, ce qui a entraîné la construction d’une imposante chapelle de style gothique. Sur les documents anciens, elle porte le nom flamand de « Kapel van Lenneke Mare » dont la traduction française est « Chapelle de Marie la Misérable » (= la malheureuse, la pauvresse).


Cette histoire (vraie ou légende ?) a inspiré Michel de Ghelderode (1898-1962), auteur dramaturge belge. En 1952, sa pièce (Le jeu de Marie la Misérable) a été mise en scène sur le Parvis Notre-Dame à Woluwe-Saint-Pierre.

Autant savoir.

Note pour les Bruxellois : La chapelle de Marie la Misérable (appelée aussi Notre-Dame des sept douleurs) se trouve en face du Woluwe Shopping Center, de l’autre côté du boulevard, sur la hauteur. Elle faisait partie de la Seigneurerie de Woluwe dont une aile du château est encore visible en contrebas de la chapelle : c’est le Slot avec un marais à l’arrière, les anciennes douves. Le domaine englobait également un moulin à papier à l’emplacement de l’actuelle brasserie Kwak et, un peu en amont du cours d’eau, le Lindekemale (moulin à grains aujourd’hui restaurant qui a gardé sa roue à aubes).

 

mercredi 4 janvier 2023

Galette des rois : « N’oubliez pas la part du pauvre ! »

Le 6 janvier, c’est l’Epiphanie, 12 jours après Noël : selon la tradition chrétienne, c’est à ce moment que les « rois mages » sont arrivés à Bethléem pour voir l’enfant Jésus. L’évangile ne parle pas de rois mais de mages qui suivaient une étoile, autrement dit des astronomes de l’époque. Ce sont les premiers chrétiens qui ont enjolivé l’histoire en inventant Gaspard, Melchior et Balthazar.  








Vitrail de l’Epiphanie (Notre-Dame de Paris)


A cette occasion, on déguste en famille une galette de forme ronde (symbole du soleil, des jours plus longs) avec une fève qui désignera le roi ou la reine. La tradition veut aussi que l’on découpe le gâteau en autant de parts qu’il y a de convives … plus une, « la part du pauvre » ou « la part du Bon Dieu ».


Cette coutume a des origines lointaines : les Saturnales, les fêtes romaines du solstice d’hiver. On tirait au sort le « Prince des Saturnales » grâce à une fève (déjà !) dissimulée dans une préparation culinaire. Les esclaves de la maison participaient à la fête et l’élu du jour était parfois l’un d’entre eux. Alors, l’espace d’un jour, il avait tous les droits, il pouvait même donner des ordres à son maître.

Autant savoir.

lundi 2 janvier 2023

Nec plus ultra

Cette expression latine veut dire littéralement « rien au-delà » mais elle a pris le sens de « l’idéal, ce qu’il y a de mieux » comme dans cette citation de George Sand (1804-1876) qu’elle adressait à un de ses amants (Musset ou Chopin ou… ?) : « Voilà le nec plus ultra de mes rêves : vivre avec toi, et ne plus jamais te quitter ».

Ces termes latins nous viennent de la mythologie grecque : pour avoir commis un crime, Hercule (Héraclès en grec) a été condamné à effectuer douze travaux. Au cours du dixième, il a dû se frayer un passage dans le massif montagneux de l’Atlas en Afrique du Nord et grâce à sa force surhumaine (…herculéenne), il a séparé des montagnes pour créer l’actuel détroit de Gibraltar que les Anciens appelaient d’ailleurs les colonnes d’Hercule. Et sur une des falaises, il a gravé ces mots « Nec plus ultra », il n’y a rien au-delà !

C’était la fin du monde connu pour les anciens Grecs. Ils ne s’aventuraient pas dans l’Atlantique.


Statue des colonnes d'Hercule à Ceuta, enclave espagnole sur la côte africaine, avec en toile de fond, distant de 18 Km, le rocher de Gibraltar, territoire britannique au sud de la péninsule ibérique.

Sur les armoiries du royaume d’Espagne, les colonnes d’Hercule sont représentées avec la mention « Nec plus ultra ».

Autant savoir.

Alphabet aéronautique

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