lundi 28 novembre 2022

Les feuilles mortes de Prévert

Texte écrit par Jacques Prévert en 1945 mis en musique par Joseph Kosma. De nombreux artistes ont repris à leur répertoire ce poème devenu chanson ; il existe une version anglaise « Autumn Leaves ». On connaît particulièrement l’interprétation d’Yves Montand. Ici Prévert en cette saison d’automne évoque avec nostalgie un amour perdu… qui s’en est allé comme les feuilles mortes emportées par le vent. 

« Oh, je voudrais tant que tu te souviennes, / Des jours heureux quand nous étions amis, / Dans ce temps-là, la vie était plus belle, / Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.

 Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, / Tu vois je n'ai pas oublié. / Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, / Les souvenirs et les regrets aussi, / Et le vent du nord les emporte, / Dans la nuit froide de l'oubli.

 Tu vois, je n'ai pas oublié, / La chanson que tu me chantais... / C'est une chanson, qui nous ressemble, / Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. / Nous vivions tous les deux ensemble, / Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.

Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, / Tout doucement, sans faire de bruit. / Et la mer efface sur le sable, / Les pas des amants désunis. / Nous vivions tous les deux ensemble, / Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.

 Et la vie sépare ceux qui s'aiment, / Tout doucement, sans faire de bruit. / Et la mer efface sur le sable / Les pas des amants désunis... »

 




Prévert pensif sur une terrasse dans les rues de Paris, avec son éternelle cigarette aux lèvres.



Du même auteur, il y a aussi : « Rappelle-toi Barbara / Rappelle-toi Barbara / Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là / Et tu marchais souriante/ Epanouie ravie ruisselante / Sous la pluie »

 Autant savoir.

 

 

samedi 26 novembre 2022

Doigt d’honneur !


Ce geste de mauvaise humeur, passablement vulgaire et insultant, malheureusement banalisé dans nos sociétés où la courtoisie se fait rare, a une origine médiévale si l’on en croit Lorant Deutsch dans son ouvrage « Romanesque ».



Les archers anglais étaient, au Moyen-Age, réputés pour leur redoutable efficacité. Avant un affrontement, ils levaient le bras avec l’index et le majeur bien en vue en signe de bravade : ils indiquaient ainsi à leurs adversaires qu’ils avaient tous leurs doigts et donc toute leur adresse… Une façon de les terroriser.



Faut savoir qu’à cette époque, les archers capturés étaient amputés d’un doigt pour les empêcher de pouvoir exercer leur art guerrier !



Vrai ou légende ? … Je ne sais (probablement légende), mais cette explication a le mérite de donner un vernis culturel à une attitude peu élégante…

Autant savoir.

 

mercredi 23 novembre 2022

Emblèmes du fascisme et du nazisme

En 1922, Mussolini met en place en Italie un système politique appelé fascisme. Le terme s’inspire de l’Antiquité : les consuls à Rome étaient précédés de licteurs portant un faisceau (fasces en latin), attribut de la justice : des verges pour flageller et la hache pour la peine capitale. Ce faisceau devient l’emblème du fascisme italien. Le mot s’applique maintenant à un pouvoir fort, centralisé, sécuritaire, basé sur une exaltation du sentiment national, avec un dévouement inconditionnel à celui qui a l’autorité.


 


    

  
Licteur romain et blason du parti fasciste italien

En Allemagne à la même époque, Hitler instaure le nazisme (raccourci de national-socialisme) avec comme étendard la croix gammée (de la lettre grecque gamma, avec son graphisme en crochet). C’est une interprétation du « swastika », un symbole bien connu en Asie qui est un signe de chance, une sorte de « trèfle à quatre feuilles ». Hitler l’a quelque peu modifié pour en faire la croix gammée que nous connaissons, utilisée pour magnifier la supériorité de la race aryenne.


     

                                                Swastika hindou et le symbole du nazisme

Autant savoir.

 

lundi 21 novembre 2022

Chaussées Brunehaut

Il existe de nombreuses chaussées dites romaines en Picardie et en Belgique. Certaines sont appelées Brunehaut, du nom d’une célèbre reine d’Austrasie, un royaume Franc. Durant son long règne de 33 ans, de 580 à 613, Brunehaut aurait apporté un soin particulier à l’entretien de ces axes routiers qu’on a ainsi baptisés de son nom.

Brunehaut a connu une fin tragique. Abandonnée par ses partisans, elle a été capturée par le roi de Neustrie Clotaire II, le fils de sa grande rivale, Frédégonde. Après trois jours de tortures, elle a été écartelée puis attachée par les cheveux à l’arrière d’un cheval qu’on a lancé au galop…La légende dit que le cheval a couru à toute vitesse par monts et par vaux, traçant avec le sang de la reine ces routes devenues ainsi « Chaussées Brunehaut ».


Supplice de Brunehaut, enluminure dans un manuscrit du XVème siècle

Autant savoir.

 

samedi 19 novembre 2022

Anthropophagie : les pâtés de Marmousets

 


                                                                Cannibalisme au Brésil (Th de Bry 1562)

C’est pour nous le comble de l’horreur et pourtant le cannibalisme était pratique courante autrefois dans certaines tribus. Mais on trouve aussi des cas à l’époque moderne. En 1981, le Japonais Sagawa a mangé la chair de sa victime, une étudiante hollandaise. On peut citer également les rescapés de cet avion écrasé dans la Cordillère des Andes en 1972 qui, bloqués dans les neiges, se sont nourris des cadavres des autres passagers. Les naufragés de la Méduse en 1816 avaient fait de même.

Mais le cas d’anthropophagie que raconte Jacques Pradel dans son ouvrage « Mes archives criminelles » est particulièrement étonnant, amusant si l’on peut dire. Voici l’histoire.

Cela se passe en 1387 à Paris dans la rue Marmousets près de Notre-Dame. Un charcutier local vendait des pâtés très appréciés qui faisaient sa réputation. On dit que le roi de France lui-même en était friand. Jusqu’au jour où un chien s’est mis à aboyer devant l’échoppe de notre artisan et pas moyen de le faire taire. On fait appel aux gendarmes de l’époque pour se saisir du chien … qui s’échappe. Les pandores le poursuivent jusque dans la cave du charcutier et là, l’horreur, ils découvrent un cadavre partiellement découpé : c’était la matière première des pâtés, un étudiant allemand, Gunther … qui avait un chien fidèle !

Le charcutier a été pendu au gibet de Montfaucon où il a servi de nourriture … aux charognards.

Autant savoir.

 

mercredi 16 novembre 2022

Handicap

Ce mot vient de la langue anglaise « Hand in cap » (= la main dans le chapeau). C’était autrefois un système d’échange sous forme de jeu de hasard. Ceux qui souhaitaient se séparer d’un objet l’apportaient dans une salle de troc. Un « commissaire-priseur » plaçait ensemble ceux qui lui paraissaient de valeur équivalente. Les déposants tiraient à l’aveugle dans un chapeau un billet numéroté correspondant à un bien mis en dépôt. C’était une bonne affaire ou … pas de chance !


Et le terme en Angleterre a été adopté dans le langage hippique pour désigner une compétition entre chevaux qui permettait d’établir une hiérarchie afin d’égaliser les chances entre concurrents : les meilleurs portent un poids plus lourd ou doivent parcourir une distance supérieure. Le handicap apparaîtra dans d’autres sports comme le golf. Par extension le mot prendra le sens général d’entrave, de gêne.

Et il s’appliquera ensuite aux personnes ayant une déficience physique, aux handicapés.

Autant savoir.

 

dimanche 13 novembre 2022

Gros-Jean comme devant

L’expression nous est familière depuis « La laitière et le pot au lait » de Jean de La Fontaine. Dans cette fable, « Perrette…légère et court vêtue » s’en va au marché vendre son lait et, en chemin, imagine en tirer un bon prix, et cet argent, elle pourra le faire fructifier… elle se voit déjà riche, mais le pot tombe, se casse, alors plus de lait : « Adieu veau, vache, cochon, couvée » et tous ses rêves… la voilà « Gros-Jean comme devant » (devant=auparavant) !




« La laitière et le pot au lait » Illustration de Gustave Doré (1832-1883)




A la fin du Moyen Age, on traitait de « Gros-Jean » une personne naïve, sans doute pas très intelligente qui avait un espoir insensé et a vu ses rêves s’écrouler. Et le prénom « Jean » était sujet à plaisanterie, un « Jean » c’était un nigaud. Pourquoi ? On l’ignore. Beaucoup de ces expressions anciennes avec ce prénom ne s’utilisent plus, comme celle-ci : « C’est Gros-Jean qui en remontre à son curé » (= c’est un ignorant face à un plus intelligent que lui).




Extrait de « Tintin au pays de l’or noir »




Une cependant est restée bien vivace : « C’est un Jean-foutre », un propre à rien.

Autant savoir.

 

vendredi 11 novembre 2022

Peuplement de La Louisiane


C’est l’explorateur français Cavelier de la Salle qui, au XVIIème siècle, a donné ce nom à ce territoire en l’honneur de Louis XIV mais cette lointaine colonie n’intéressait pas grand monde dans l’Hexagone et pour la mettre en valeur, il fallait des bras, des colons. Les campagnes en faveur de l’émigration vers le Mississipi ne rencontrant pas de succès, en 1719, une décision radicale est prise : la région parisienne sera « nettoyée » de ses vagabonds, miséreux, filles du peuple ou de joie, on videra aussi les prisons et on enverra tout ce beau monde « manu militari » à La Rochelle pour un voyage aller-simple outre-Atlantique. Ils seront plusieurs milliers à être ainsi déportés au Mississipi.

Ce sont les archers du roi qui se livreront à cette sale besogne, ils devaient coûte que coûte remplir les bateaux et pour ce faire, ils arrêtaient tous ceux qui leur semblaient sans travail. Des émeutes ont éclaté à la suite de ces exactions et fin 1720, l’ordonnance royale a été suspendue.

La France perdra la majeure partie de ses colonies américaines en 1763 à la suite de la guerre de sept ans. Ce qui restait de la Louisiane sera vendu par Bonaparte aux Etats-Unis en 1803.

Autant savoir.

 

mercredi 9 novembre 2022

L’héritage de Saint Martin

Saint Martin (316-397) ce légionnaire romain qui a partagé son manteau (sa chape) avec un miséreux et qui est devenu évêque de Tours, a laissé beaucoup de souvenirs :  d’abord l’expression « l’été de la saint Martin », autrement dit « l’été indien », cette période de beau temps en automne. Mais il y a aussi le mot « chapelle » qui vient de sa chape (son manteau). C’était une relique à Tours conservée dans une châsse et pour laquelle on avait construit un édifice appelé « la chape…lle ».


                                                                         Tombeau de Saint Martin à Tours

Par la suite, il y aura les Capétiens, cette dynastie des rois de France : le premier d’entre eux, Hugues a reçu lors de son sacre la chape de saint Martin, il a été « capé » devenu Capet.

Il faut aussi mentionner deux oiseaux qui portent son nom (on ne sait pourquoi), le martinet, cette grosse hirondelle toujours en vol qui ne se pose que pour nicher et le très coloré martin-pêcheur.


Sans oublier les 238 localités « Saint-Martin » en France, les innombrables édifices religieux qui lui sont consacrés, les patronymes et prénoms Martin, une île dans les Caraïbes et même peut-être aussi la Martinique.

Il est fêté le 10 novembre. Jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, c’était le 11, le jour de ses funérailles à Tours en 397. A cause de l’Armistice, on a déplacé son jour de fête vu l’importance de ce saint homme.

Autant savoir.

  

dimanche 6 novembre 2022

Avoir un chat dans la gorge

 


On a l’impression d’avoir quelque chose dans le fond de la bouche, on est comme enroué. Autrefois on disait qu’on avait un « maton » dans la gorge : le maton, c’était du lait écaillé qui pouvait former une boule visqueuse. Avec le temps, maton a été prononcé matou … qui est devenu chat dans notre expression. Voilà l’explication un peu compliquée des linguistes.

Mais le plus étrange, c’est qu’en néerlandais et en anglais, l’expression équivalente parle de grenouille et non de chat ! Les Flamands disent en effet « een kikker in de keel hebben » (= avoir une grenouille dans la gorge) ! Et à Londres, c’est « a frog in one’s throat ».

Comment le chat est-il devenu grenouille en passant la frontière linguistique belge et le Channel ? Mystère…

Autant savoir.

 

vendredi 4 novembre 2022

Banque et banqueroute

L’Italie, au Moyen-Age, était réputée pour ses banquiers lombards qui exerçaient dans tout l’Occident. Et tout naturellement le mot « banque » nous vient de l’italien « banca » qui voulait dire « banc ».  C’est ainsi qu’on désignait la table des changeurs de monnaie, le comptoir des prêteurs, des usuriers. Ces ancêtres de nos respectables banquiers se déplaçaient beaucoup, allaient de foire en foire avec leur mobilier…d’où leur nom.





Enluminure d’un manuscrit montrant un prêteur d’argent écrivant sur son « banc ».



Comme dérivé, il y a le terme « banqueroute » qui se disait toujours en italien « banca rota », littéralement « banc rompu, cassé ». Cela fait allusion à une coutume de la Renaissance qui voulait qu’on détruise réellement le banc, le comptoir de l’homme d’argent qui n’avait pas tenu ses engagements financiers, qui avait fait faillite.

La banque est souvent sujette à récriminations ou moqueries de la part de clients mécontents, d’où cette définition du banquier : « Homme qui te prête un parapluie quand il fait beau et te le reprend lorsqu’il commence à pleuvoir ».


Autant savoir.

mardi 1 novembre 2022

« Le souffle des ancêtres » de Birago Diop

Avec Halloween, les morts rendent visite aux vivants et dans la tradition chrétienne, le lendemain de la Toussaint c’est le jour où on commémore tous ceux qui nous ont précédés. A cette occasion, voici l’extrait d’un poème de Birago Diop (1906-1989), écrivain et poète d'origine sénégalaise. Bel exemple de littérature africaine d’expression française.


« Ecoute plus souvent / Les choses que les êtres, / La voix du feu s'entend,
Entend la voix de l'eau. / Ecoute dans le vent / Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis/ Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit, / Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l'arbre qui frémit, / Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l'eau qui coule, / Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts.

Ecoute plus souvent / Les choses que les êtres, / La voix du feu s'entend,
Entend la voix de l'eau. / Ecoute dans le vent / Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres… »

Birago Diop, 1960

Autant savoir.

Peau de chagrin

Autrefois, on disait «  se rétrécir comme une peau de sagrin  » et non «  de chagrin  ». C’est la similitude de consonance qui a fait qu’o...