mercredi 28 décembre 2022

Complainte du petit cheval blanc

 

C’est un poème de Paul Fort (1872-1960), mis en musique et chanté par Georges Brassens (1921-1981).

Le petit cheval blanc de ce texte est une allégorie : il représente tous ceux qui ne peuvent espérer un avenir meilleur « ni derrière ni devant » pour qui il n’y a « jamais de printemps » qui vivent dans « un pauvre paysage » mais ne se plaignent pas et trouvent du bonheur dans les choses simples : « toujours il était content ». Ils terminent leur vie discrètement comme ce petit cheval « mort par un éclair blanc ». Paul Fort et Brassens ont voulu rendre hommage à ces gens modestes mais courageux, c’est le sens de ce « Tous derrière et lui devant ».

 Pour écouter : Georges Brassens - Le Petit Cheval - YouTube 

« Le p’tit cheval dans le mauvais temps, / Qu’il avait donc du courage ! /C’était un petit cheval blanc,

Tous derrière, tous derrière, / C’était un petit cheval blanc, / Tous derrière et lui devant.

 Il n’y avait jamais de beau temps / Dans ce pauvre paysage. / Il n’y avait jamais de printemps

Ni derrière ni derrière, / Il n’y avait jamais de printemps / Ni derrière ni devant.

 

Mais toujours il était content, / Menant les gars du village, / A travers la pluie noir’ des champs,

Tous derrière, tous derrière, / A travers la pluie noir’ des champs, / Tous derrière et lui devant.

 Sa voiture allait poursuivant / Sa bell’ petit’ queue sauvage. / C’est alors qu’il était content

Eux derrière, eux derrière, / C’est alors qu’il était content / Eux derrière et lui devant.

 

Mais un jour, dans le mauvais temps, / Un jour qu’il était si sage, / Il est mort par un éclair blanc,

Tous derrière, tous derrière, / Il est mort par un éclair blanc, / Tous derrière et lui devant. »

 Autant savoir.

 

lundi 26 décembre 2022

La potion magique d’Astérix


C’est une légende normande qui a inspiré Goscinny et Uderzo, les pères d’Astérix.

Il y a d’abord des faits historiques : au temps de la guerre des Gaules, Viridorix, le roi des Unelles, une tribu de l’actuelle Normandie a donné beaucoup de fil à retordre à l’envahisseur romain et ses guerriers fougueux n’ont pas hésité lors de la bataille du Mont Castre en 56 av J-C à affronter les légions romaines alors qu’ils étaient bien inférieurs en nombre (1 contre 10). Ils ont été vaincus mais leurs exploits sont devenus une légende.

La légende : cette bravoure des Unelles a été attribuée à une boisson merveilleuse concoctée par les druides qu’ils consommaient avant de partir au combat ; la recette était gardée secrète mais on l’a retrouvée dans des textes de l’époque : il fallait prendre différentes variétés de pommes, les faire fermenter et puis distiller, autrement dit…la recette du calvados !

La potion magique d’Astérix, c’est une bonne rasade de calva !

Autant savoir.

 

jeudi 22 décembre 2022

Noël, pourquoi le 25 décembre ?

Nos ancêtres les Gaulois appelaient dans leur langue celte « Noio Helle » cette période qui suit le solstice d’hiver, ce qui a donné notre mot « Noël ». « Noio Helle » voulait dire la clarté nouvelle et ils organisaient chaque année des réjouissances pour célébrer le retour de jours plus longs. Les Romains faisaient de même avec leurs Saturnales. Les Chrétiens ont voulu transformer ces manifestations païennes en fête religieuse.

Et c’est ainsi qu’en 354, le Pape Libère décide de fixer la date de la naissance du Christ juste après le solstice d’hiver. On ne connaissait pas le jour de la venue au monde de l’enfant Jésus, le Pape aurait pu choisir le 24 ou le 26, 27… Il a opté pour le 25 parce que cette année-là c’était un dimanche ! Voilà l’origine de ce 25 décembre.








Nativité de Federico Baroccio (1535-1612) au Prado de Madrid


Quant à l’année, on sait que cette naissance aurait eu lieu sous l’empereur Auguste à l’époque du roi Hérode en Palestine. Au début du VIème siècle, un moine Denys le Petit a déterminé que c'était en l’an 753 de la fondation de Rome qui est devenu l’an 1 de notre ère. Mais selon les historiens, il se serait quelque peu trompé dans ses calculs : Jésus serait en fait né en -6 !

Autant savoir.

 

samedi 17 décembre 2022

Remède de bonne femme

« Remède populaire ordonné et administré par des personnes étrangères à l’art de guérir », c’est la définition du Larousse.

Cette expression vient du latin mais a été détournée de son sens originel par une mauvaise interprétation du terme « bona fama ». Des gens sans doute peu lettrés ont traduit le « fama » en « femme » alors que l’expression voulait dire « remède de bonne réputation ».

On retrouve en français d’ailleurs la racine « fama » (la renommée latine) dans les mots « fameux », « mal famé » ou « infâme ».

Les Anglais disent à peu près la même chose avec « Old wifes remedy » tandis qu’en espagnol, c’est « remedio casero » (médicament fait à la maison) et en italien « rimidio empirico » (remède empirique, basé sur l’expérience, le savoir-faire).

Parmi les « personnes étrangères à l’art de guérir » comme dit le Larousse, il y a également les rebouteux. Eux aussi n’ont pas de diplôme mais on va chez eux pour soigner un mal de dos, une articulation douloureuse, une affection résistante à la médication classique. Ils prétendent avoir un don inné pour soulager la douleur grâce à leurs gestes ou leur magnétisme. Charlatans ou vrais thérapeutes ?

Etymologie : le « rebouteux » c’est celui qui « reboute » qui remet en bonne place (bout à bout) ce qui ne fonctionne pas bien chez son patient.


Autant savoir.

 

jeudi 15 décembre 2022

Les dents de la chance

Atout de charme pour certain(e)s (Vanessa Paradis, Yannick Noah, Jane Birkin…), objet de disgrâce pour d’autres, cet espace entre deux incisives du haut s’appelle en langage médical « diastème », mais pour le commun des mortels, ce sont les dents de la chance ou du bonheur.

Belle expression dont l’origine remonterait, dit-on, aux guerres napoléoniennes. L’état de la dentition aurait été un critère de sélection dans l’armée. Il fallait pouvoir ouvrir rapidement, en mordant, les recharges de poudre des fusils de l’époque. Et ceux qui avaient des dents écartées étaient déclarés inaptes, c’était leur jour de chance, ils n’étaient pas envoyés au casse-pipe !

C’est l’explication qu’on donne généralement mais elle paraît peu vraisemblable. On en trouve aussi une autre : cela viendrait des bébés qui ont sucé leur pouce, signe qu’ils se sentaient choyés, qu’ils étaient heureux … ce qui aurait donné cette dentition particulière. Interprétation alambiquée tout aussi peu crédible.

Le mystère plane autour de l’origine de cette expression … Mais peu importe, n’est-il pas beau le sourire de la photo ?

Autant savoir.

 

 

lundi 12 décembre 2022

Sylvothérapie


Le « Shinrin Yoku » (=bain de forêt) est une méthode japonaise de sylvothérapie (néologisme ?) : ceux qui la pratiquent suivent des cures d’immersion dans une forêt afin de se reconnecter avec la nature. Et cela aurait un effet bénéfique sur leur santé. La méthode fait appel aux cinq sens : on préconise par exemple de toucher le tronc d’un arbre afin de percevoir sa force, son énergie et de la recevoir, d’écouter longuement le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles, de humer le parfum d’une mousse humide ou des champignons, de goûter aux mûres et baies des sous-bois, d’observer les jeux de lumière dans le feuillage, de guetter la faune ... Au Japon, ils sont des milliers à avoir recours au « Shinrin Yoku » pour guérir les maux de l’âme et même du corps ; c’est pour eux plus qu’une hygiène de vie, c’est une véritable médication … sans doute bien nécessaire pour tous ces humains entassés dans les villes.

Aucune étude scientifique n’a jamais démontré l’effet thérapeutique de la forêt, mais se promener sous les frondaisons, dans une atmosphère plus calme et moins polluée qu'une agglomération urbaine, évacue le stress et apporte incontestablement l’apaisement, une sensation de bien-être.

« La paix de la forêt est une paix de l'âme. » (Gaston Bachelard)

Autant savoir.

 

dimanche 11 décembre 2022

Les Galeries Royales Saint-Hubert

 


Elles ont été construites en 1847 sur le tracé de l’ancienne rue Saint-Hubert (d’où leur nom), au cœur de Bruxelles à proximité de la Grand-Place et en contrebas de la Cathédrale SS Michel et Gudule. Elles ont une forme de croix : sur la partie la plus longue, on a la Galerie du Roi (Léopold 1er) et la Galerie de la Reine (Louise d’Orléans) séparées par la Galerie des Princes (les enfants du couple royal, dont le futur Léopold II). Oeuvre de l’architecte Jean-Pierre Cluysenaar, ce passage piétonnier couvert par une verrière est un des plus anciens d’Europe.

C’est dans ces Galeries qu’ont été créées les premières « pralines » belges. On les doit au pharmacien Jean Neuhaus qui au début du XXème siècle enrobait les médicaments dans du chocolat avant d’en faire les bouchées que l’on connaît et de les présenter dans des « ballotins ».

Pour ériger ces bâtiments, il a fallu abattre le quartier de la « Putterie » (qui n’était pas un lieu de prostitution mais un endroit où il y avait plusieurs puits). Ce sont les habitants très mécontents des démolitions qui auraient inventé l’insulte « Architekt », terme « brusseleer » de mépris qui sera repris par les Marolliens lors de la construction du Palais de Justice en 1866.

Autant savoir.

  

jeudi 8 décembre 2022

Guillaume Tell et Robin des Bois

Guillaume Tell a-t-il vraiment existé ? Les historiens en doutent, mais pour les Helvètes, c’est le symbole de leur indépendance, de la révolte du peuple contre l’oppresseur étranger.

Voici le mythe : en 1307, la Suisse fait partie de l’empire autrichien d’Albert 1er de Habsbourg. Dans le canton d’Uri, le Bailli Hermann Gessler veut affirmer son autorité en obligeant tous les habitants à saluer un mât dressé au milieu de la ville d’Altdorf, avec son chapeau au sommet, symbole de la domination impériale. Ayant refusé, Guillaume Tell est condamné à tirer une flèche sur une pomme placée sur la tête de son fils. Excellent arbalétrier, il perce la pomme sans blesser son enfant. Il sera quand même arrêté mais s’enfuira et par la suite tuera le Bailli Gessler.


                                                                    Guillaume Tell sur une gravure de 1554

On peut faire le rapprochement avec un autre personnage du Moyen-Age : Robin des Bois, archer lui aussi et également le fruit de l’imagination populaire mais cette fois en Angleterre. Selon la légende, c’était un rebelle menant la vie dure aux représentants de l’ordre établi, il détroussait les nantis pour donner leurs biens aux plus pauvres. Dans la littérature anglaise, il se nomme Robin Hood qui signifie littéralement Robin le brigand ou Robin à la capuche. La traduction française a confondu « hood » avec « wood » (le bois) … sans doute parce qu’il opérait dans la forêt de Sherwood.

Autant savoir.

lundi 5 décembre 2022

En deux coups de cuillère à pot



La recette est facile et surtout rapide à faire … en deux coups de cuillère à pot. Il existe plusieurs explications à l’origine de cette tournure mais voici la plus vraisemblable : elle nous viendrait des repas dans les cantines militaires : on fait la file pour être servi et quand arrive son tour, on reçoit, vite et bien fait, deux louches (ou cuillères) de rata dans son écuelle (ou pot) et puis « Au suivant ! ».



Ayant un sens équivalent, il y a aussi « en deux temps trois mouvements » : expression qui, pour certains, viendrait du langage musical quand une pièce à exécuter est facile pour un débutant pas encore virtuose. Mais d’autres y voient une allusion au rituel imposé aux soldats pour le « Présentez-armes ! ». Toujours en deux temps et les mêmes mouvements. Les deux versions existent dans les ouvrages de linguistique.

A noter que « cuillère » peut être écrit « cuiller ». Pour une fois l’orthographe française est tolérante. L’occasion de rappeler que nous devons toutes ces complications orthographiques au grammairien Vaugelas (1585-1650) qui a fixé les règles du français écrit. Auparavant, on rédigeait un peu n’importe comment, on y revient avec nos textos…


Autant savoir.

  

dimanche 4 décembre 2022

A la queue leu leu

On devrait dire « A la queue (du) leu (le) leu », et comme le « leu » est le loup en ancien français (lupus en latin), cela signifie « A la queue du loup, il y a un autre loup ».

D’où le sens actuel : « l’un derrière l’autre » ! C’est bien connu, les loups en meute se déplacent en file indienne


Quant à l’expression « file indienne », cela vient du « Far West » et de la tribu des Sioux qui dans leurs mouvements de troupe suivaient un éclaireur à la queue leu leu, chacun marchant sur les pas du précédent afin de laisser le moins d’empreintes possibles. De cette façon, ils prenaient par surprise leurs ennemis qui ne pouvaient estimer le nombre de guerriers, c’était une ruse. C’est sans doute pour cela qu’on dit rusé comme un Sioux !

Autant savoir.

 

vendredi 2 décembre 2022

Poupées russes

 


Quand on ouvre une poupée russe, on en trouve à l’intérieur une plus petite, identique, puis une autre et encore une autre. Elles sont parfois 10, emboîtées les unes dans les autres. Ce sont des « matriochkas », nom donné à des femmes de la campagne en Russie, et elles représentent la famille que l’on souhaite nombreuse et prospère : un cadeau qu’on offrait aux jeunes mariés.

Ces figurines sont creusées dans du bois de tilleul ou de bouleau et elles sont minutieusement peintes. C’est un art populaire qui est apparu à la fin du XIXème siècle dans le pays des Tsars et qui s’est fait connaître lors de l’exposition universelle de Paris en 1900.

Pour des objets de tailles différentes qu’on superpose, on peut aussi utiliser le mot « gigogne » (des tables gigognes par exemple). Cela vient de « Mère Gigogne », un personnage du théâtre de foire en France au XVIIème siècle devenu une marionnette : elle était imposante, grande et forte, toujours entourée d’une ribambelle d’enfants qui sortent de ses jupes. C’est également une représentation de la famille idéale avec la maman qui veille sur sa progéniture.


                                                                Marionnettes de Mère Gigogne et ses enfants

Autant savoir.

lundi 28 novembre 2022

Les feuilles mortes de Prévert

Texte écrit par Jacques Prévert en 1945 mis en musique par Joseph Kosma. De nombreux artistes ont repris à leur répertoire ce poème devenu chanson ; il existe une version anglaise « Autumn Leaves ». On connaît particulièrement l’interprétation d’Yves Montand. Ici Prévert en cette saison d’automne évoque avec nostalgie un amour perdu… qui s’en est allé comme les feuilles mortes emportées par le vent. 

« Oh, je voudrais tant que tu te souviennes, / Des jours heureux quand nous étions amis, / Dans ce temps-là, la vie était plus belle, / Et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui.

 Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, / Tu vois je n'ai pas oublié. / Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, / Les souvenirs et les regrets aussi, / Et le vent du nord les emporte, / Dans la nuit froide de l'oubli.

 Tu vois, je n'ai pas oublié, / La chanson que tu me chantais... / C'est une chanson, qui nous ressemble, / Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais. / Nous vivions tous les deux ensemble, / Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.

Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, / Tout doucement, sans faire de bruit. / Et la mer efface sur le sable, / Les pas des amants désunis. / Nous vivions tous les deux ensemble, / Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais.

 Et la vie sépare ceux qui s'aiment, / Tout doucement, sans faire de bruit. / Et la mer efface sur le sable / Les pas des amants désunis... »

 




Prévert pensif sur une terrasse dans les rues de Paris, avec son éternelle cigarette aux lèvres.



Du même auteur, il y a aussi : « Rappelle-toi Barbara / Rappelle-toi Barbara / Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là / Et tu marchais souriante/ Epanouie ravie ruisselante / Sous la pluie »

 Autant savoir.

 

 

samedi 26 novembre 2022

Doigt d’honneur !


Ce geste de mauvaise humeur, passablement vulgaire et insultant, malheureusement banalisé dans nos sociétés où la courtoisie se fait rare, a une origine médiévale si l’on en croit Lorant Deutsch dans son ouvrage « Romanesque ».



Les archers anglais étaient, au Moyen-Age, réputés pour leur redoutable efficacité. Avant un affrontement, ils levaient le bras avec l’index et le majeur bien en vue en signe de bravade : ils indiquaient ainsi à leurs adversaires qu’ils avaient tous leurs doigts et donc toute leur adresse… Une façon de les terroriser.



Faut savoir qu’à cette époque, les archers capturés étaient amputés d’un doigt pour les empêcher de pouvoir exercer leur art guerrier !



Vrai ou légende ? … Je ne sais (probablement légende), mais cette explication a le mérite de donner un vernis culturel à une attitude peu élégante…

Autant savoir.

 

mercredi 23 novembre 2022

Emblèmes du fascisme et du nazisme

En 1922, Mussolini met en place en Italie un système politique appelé fascisme. Le terme s’inspire de l’Antiquité : les consuls à Rome étaient précédés de licteurs portant un faisceau (fasces en latin), attribut de la justice : des verges pour flageller et la hache pour la peine capitale. Ce faisceau devient l’emblème du fascisme italien. Le mot s’applique maintenant à un pouvoir fort, centralisé, sécuritaire, basé sur une exaltation du sentiment national, avec un dévouement inconditionnel à celui qui a l’autorité.


 


    

  
Licteur romain et blason du parti fasciste italien

En Allemagne à la même époque, Hitler instaure le nazisme (raccourci de national-socialisme) avec comme étendard la croix gammée (de la lettre grecque gamma, avec son graphisme en crochet). C’est une interprétation du « swastika », un symbole bien connu en Asie qui est un signe de chance, une sorte de « trèfle à quatre feuilles ». Hitler l’a quelque peu modifié pour en faire la croix gammée que nous connaissons, utilisée pour magnifier la supériorité de la race aryenne.


     

                                                Swastika hindou et le symbole du nazisme

Autant savoir.

 

lundi 21 novembre 2022

Chaussées Brunehaut

Il existe de nombreuses chaussées dites romaines en Picardie et en Belgique. Certaines sont appelées Brunehaut, du nom d’une célèbre reine d’Austrasie, un royaume Franc. Durant son long règne de 33 ans, de 580 à 613, Brunehaut aurait apporté un soin particulier à l’entretien de ces axes routiers qu’on a ainsi baptisés de son nom.

Brunehaut a connu une fin tragique. Abandonnée par ses partisans, elle a été capturée par le roi de Neustrie Clotaire II, le fils de sa grande rivale, Frédégonde. Après trois jours de tortures, elle a été écartelée puis attachée par les cheveux à l’arrière d’un cheval qu’on a lancé au galop…La légende dit que le cheval a couru à toute vitesse par monts et par vaux, traçant avec le sang de la reine ces routes devenues ainsi « Chaussées Brunehaut ».


Supplice de Brunehaut, enluminure dans un manuscrit du XVème siècle

Autant savoir.

 

samedi 19 novembre 2022

Anthropophagie : les pâtés de Marmousets

 


                                                                Cannibalisme au Brésil (Th de Bry 1562)

C’est pour nous le comble de l’horreur et pourtant le cannibalisme était pratique courante autrefois dans certaines tribus. Mais on trouve aussi des cas à l’époque moderne. En 1981, le Japonais Sagawa a mangé la chair de sa victime, une étudiante hollandaise. On peut citer également les rescapés de cet avion écrasé dans la Cordillère des Andes en 1972 qui, bloqués dans les neiges, se sont nourris des cadavres des autres passagers. Les naufragés de la Méduse en 1816 avaient fait de même.

Mais le cas d’anthropophagie que raconte Jacques Pradel dans son ouvrage « Mes archives criminelles » est particulièrement étonnant, amusant si l’on peut dire. Voici l’histoire.

Cela se passe en 1387 à Paris dans la rue Marmousets près de Notre-Dame. Un charcutier local vendait des pâtés très appréciés qui faisaient sa réputation. On dit que le roi de France lui-même en était friand. Jusqu’au jour où un chien s’est mis à aboyer devant l’échoppe de notre artisan et pas moyen de le faire taire. On fait appel aux gendarmes de l’époque pour se saisir du chien … qui s’échappe. Les pandores le poursuivent jusque dans la cave du charcutier et là, l’horreur, ils découvrent un cadavre partiellement découpé : c’était la matière première des pâtés, un étudiant allemand, Gunther … qui avait un chien fidèle !

Le charcutier a été pendu au gibet de Montfaucon où il a servi de nourriture … aux charognards.

Autant savoir.

 

mercredi 16 novembre 2022

Handicap

Ce mot vient de la langue anglaise « Hand in cap » (= la main dans le chapeau). C’était autrefois un système d’échange sous forme de jeu de hasard. Ceux qui souhaitaient se séparer d’un objet l’apportaient dans une salle de troc. Un « commissaire-priseur » plaçait ensemble ceux qui lui paraissaient de valeur équivalente. Les déposants tiraient à l’aveugle dans un chapeau un billet numéroté correspondant à un bien mis en dépôt. C’était une bonne affaire ou … pas de chance !


Et le terme en Angleterre a été adopté dans le langage hippique pour désigner une compétition entre chevaux qui permettait d’établir une hiérarchie afin d’égaliser les chances entre concurrents : les meilleurs portent un poids plus lourd ou doivent parcourir une distance supérieure. Le handicap apparaîtra dans d’autres sports comme le golf. Par extension le mot prendra le sens général d’entrave, de gêne.

Et il s’appliquera ensuite aux personnes ayant une déficience physique, aux handicapés.

Autant savoir.

 

dimanche 13 novembre 2022

Gros-Jean comme devant

L’expression nous est familière depuis « La laitière et le pot au lait » de Jean de La Fontaine. Dans cette fable, « Perrette…légère et court vêtue » s’en va au marché vendre son lait et, en chemin, imagine en tirer un bon prix, et cet argent, elle pourra le faire fructifier… elle se voit déjà riche, mais le pot tombe, se casse, alors plus de lait : « Adieu veau, vache, cochon, couvée » et tous ses rêves… la voilà « Gros-Jean comme devant » (devant=auparavant) !




« La laitière et le pot au lait » Illustration de Gustave Doré (1832-1883)




A la fin du Moyen Age, on traitait de « Gros-Jean » une personne naïve, sans doute pas très intelligente qui avait un espoir insensé et a vu ses rêves s’écrouler. Et le prénom « Jean » était sujet à plaisanterie, un « Jean » c’était un nigaud. Pourquoi ? On l’ignore. Beaucoup de ces expressions anciennes avec ce prénom ne s’utilisent plus, comme celle-ci : « C’est Gros-Jean qui en remontre à son curé » (= c’est un ignorant face à un plus intelligent que lui).




Extrait de « Tintin au pays de l’or noir »




Une cependant est restée bien vivace : « C’est un Jean-foutre », un propre à rien.

Autant savoir.

 

vendredi 11 novembre 2022

Peuplement de La Louisiane


C’est l’explorateur français Cavelier de la Salle qui, au XVIIème siècle, a donné ce nom à ce territoire en l’honneur de Louis XIV mais cette lointaine colonie n’intéressait pas grand monde dans l’Hexagone et pour la mettre en valeur, il fallait des bras, des colons. Les campagnes en faveur de l’émigration vers le Mississipi ne rencontrant pas de succès, en 1719, une décision radicale est prise : la région parisienne sera « nettoyée » de ses vagabonds, miséreux, filles du peuple ou de joie, on videra aussi les prisons et on enverra tout ce beau monde « manu militari » à La Rochelle pour un voyage aller-simple outre-Atlantique. Ils seront plusieurs milliers à être ainsi déportés au Mississipi.

Ce sont les archers du roi qui se livreront à cette sale besogne, ils devaient coûte que coûte remplir les bateaux et pour ce faire, ils arrêtaient tous ceux qui leur semblaient sans travail. Des émeutes ont éclaté à la suite de ces exactions et fin 1720, l’ordonnance royale a été suspendue.

La France perdra la majeure partie de ses colonies américaines en 1763 à la suite de la guerre de sept ans. Ce qui restait de la Louisiane sera vendu par Bonaparte aux Etats-Unis en 1803.

Autant savoir.

 

mercredi 9 novembre 2022

L’héritage de Saint Martin

Saint Martin (316-397) ce légionnaire romain qui a partagé son manteau (sa chape) avec un miséreux et qui est devenu évêque de Tours, a laissé beaucoup de souvenirs :  d’abord l’expression « l’été de la saint Martin », autrement dit « l’été indien », cette période de beau temps en automne. Mais il y a aussi le mot « chapelle » qui vient de sa chape (son manteau). C’était une relique à Tours conservée dans une châsse et pour laquelle on avait construit un édifice appelé « la chape…lle ».


                                                                         Tombeau de Saint Martin à Tours

Par la suite, il y aura les Capétiens, cette dynastie des rois de France : le premier d’entre eux, Hugues a reçu lors de son sacre la chape de saint Martin, il a été « capé » devenu Capet.

Il faut aussi mentionner deux oiseaux qui portent son nom (on ne sait pourquoi), le martinet, cette grosse hirondelle toujours en vol qui ne se pose que pour nicher et le très coloré martin-pêcheur.


Sans oublier les 238 localités « Saint-Martin » en France, les innombrables édifices religieux qui lui sont consacrés, les patronymes et prénoms Martin, une île dans les Caraïbes et même peut-être aussi la Martinique.

Il est fêté le 10 novembre. Jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, c’était le 11, le jour de ses funérailles à Tours en 397. A cause de l’Armistice, on a déplacé son jour de fête vu l’importance de ce saint homme.

Autant savoir.

  

dimanche 6 novembre 2022

Avoir un chat dans la gorge

 


On a l’impression d’avoir quelque chose dans le fond de la bouche, on est comme enroué. Autrefois on disait qu’on avait un « maton » dans la gorge : le maton, c’était du lait écaillé qui pouvait former une boule visqueuse. Avec le temps, maton a été prononcé matou … qui est devenu chat dans notre expression. Voilà l’explication un peu compliquée des linguistes.

Mais le plus étrange, c’est qu’en néerlandais et en anglais, l’expression équivalente parle de grenouille et non de chat ! Les Flamands disent en effet « een kikker in de keel hebben » (= avoir une grenouille dans la gorge) ! Et à Londres, c’est « a frog in one’s throat ».

Comment le chat est-il devenu grenouille en passant la frontière linguistique belge et le Channel ? Mystère…

Autant savoir.

 

vendredi 4 novembre 2022

Banque et banqueroute

L’Italie, au Moyen-Age, était réputée pour ses banquiers lombards qui exerçaient dans tout l’Occident. Et tout naturellement le mot « banque » nous vient de l’italien « banca » qui voulait dire « banc ».  C’est ainsi qu’on désignait la table des changeurs de monnaie, le comptoir des prêteurs, des usuriers. Ces ancêtres de nos respectables banquiers se déplaçaient beaucoup, allaient de foire en foire avec leur mobilier…d’où leur nom.





Enluminure d’un manuscrit montrant un prêteur d’argent écrivant sur son « banc ».



Comme dérivé, il y a le terme « banqueroute » qui se disait toujours en italien « banca rota », littéralement « banc rompu, cassé ». Cela fait allusion à une coutume de la Renaissance qui voulait qu’on détruise réellement le banc, le comptoir de l’homme d’argent qui n’avait pas tenu ses engagements financiers, qui avait fait faillite.

La banque est souvent sujette à récriminations ou moqueries de la part de clients mécontents, d’où cette définition du banquier : « Homme qui te prête un parapluie quand il fait beau et te le reprend lorsqu’il commence à pleuvoir ».


Autant savoir.

mardi 1 novembre 2022

« Le souffle des ancêtres » de Birago Diop

Avec Halloween, les morts rendent visite aux vivants et dans la tradition chrétienne, le lendemain de la Toussaint c’est le jour où on commémore tous ceux qui nous ont précédés. A cette occasion, voici l’extrait d’un poème de Birago Diop (1906-1989), écrivain et poète d'origine sénégalaise. Bel exemple de littérature africaine d’expression française.


« Ecoute plus souvent / Les choses que les êtres, / La voix du feu s'entend,
Entend la voix de l'eau. / Ecoute dans le vent / Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis/ Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit, / Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l'arbre qui frémit, / Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l'eau qui coule, / Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts.

Ecoute plus souvent / Les choses que les êtres, / La voix du feu s'entend,
Entend la voix de l'eau. / Ecoute dans le vent / Le buisson en sanglot :
C'est le souffle des ancêtres… »

Birago Diop, 1960

Autant savoir.

Peau de chagrin

Autrefois, on disait «  se rétrécir comme une peau de sagrin  » et non «  de chagrin  ». C’est la similitude de consonance qui a fait qu’o...