vendredi 30 septembre 2022

La boîte de Pandore


« La boîte de Pandore », quand on l’ouvre, on risque d’engendrer toute une série de catastrophes, d’événements inattendus et désagréables.

Dans la mythologie grecque, Pandore est la première femme créée par Zeus. Avant elle, tous les êtres humains étaient de sexe masculin et comme l’écrit Hésiode au VIIIème siècle avant JC : « C’était l’âge d’or » !

Pandore, dont le nom signifie « celle qui a tous les dons » est venue sur terre pour punir les hommes. Elle est belle, douce et intelligente, c’est la séduction incarnée, mais cette ensorceleuse a ouvert l’urne qu’il était interdit d’ouvrir et en sont sortis tous les maux qui feront le malheur du monde. Voilà d’où vient notre expression.


                                                 Pandore ouvrant l’urne interdite

Et on ne peut que faire le rapprochement entre la Pandore grecque et Eve dans la Bible qui a cueilli la pomme du bien et du mal…

Un « pandore » en langage populaire, c’est un policier ou gendarme. Le terme se retrouve dans les textes de Georges Brassens. Cela vient d’une chanson de Nadaud au XIXème siècle où Pandore est un membre peu futé de la maréchaussée : il fait tout ce qu’on lui dit sans réfléchir. Nadaud s’est sans doute inspiré du mot « Pandur » qui était un soldat de la garde à la cour impériale autrichienne.

 Autant savoir.

 

dimanche 25 septembre 2022

Des mesures draconiennes

Ce sont des mesures très strictes que l’on prend en cas de nécessité. L’expression nous vient de la Grèce antique, elle a traversé les âges : son origine remonte au VIIème siècle avant JC !


A cette époque, Dracon a édicté à Athènes un code législatif d’une sévérité extrême. Ses lois ne s’embarrassaient pas de détail, la peine de mort était souvent la sentence prononcée, même pour des délits somme toute mineurs. Dracon lui-même aurait dit : « Les plus petites fautes m’ont paru dignes de la peine de mort, et je n’ai pas trouvé d’autres punitions pour les plus grandes ».

S’étant fait ainsi fait beaucoup d’ennemis, il a dû s’enfuir d’Athènes, mais lors d’une soirée de théâtre, les spectateurs l’ont reconnu et l’ont agressé, il est mort « lynché » par la foule.


Le verbe « lyncher » et son dérivé « lynchage » viennent du nom d’un juge américain, Charles Lynch (1736-1796) réputé pour avoir instauré en Virginie une justice expéditive : malfaiteurs et opposants au pouvoir étaient rapidement exécutés après un procès sommaire. C’est ce qu’on appellera « The Lynch law », finalement assez proche du code de lois de Dracon.


Autant savoir.

 

jeudi 22 septembre 2022

Albert Schweitzer

 


Il est né en 1875 à Kaysersberg dans l’Alsace devenue allemande après la défaite de Sedan (1870). Fils de Pasteur, il deviendra lui-même théologien protestant tout en suivant une formation musicale. Il aimait beaucoup jouer de l’orgue et du piano. Mais c’est en 1904 qu’il prend conscience de la situation sanitaire désastreuse en Afrique et décide de devenir médecin pour pouvoir aider ces populations. Il obtient son diplôme en 1912 et en 1913 embarque pour le Gabon.

C’est à Lambaréné le long du fleuve Ogooué qu’il construit un hôpital en pleine brousse. Très vite, les malades affluent mais en 1917, il est fait prisonnier comme ressortissant allemand et renvoyé en métropole. En 1918, après le traité de Versailles, il obtient automatiquement la nationalité française.

Très marqué par cette guerre, à la fois pasteur et médecin, il écrit plusieurs ouvrages sur la religion et la civilisation et entame une série de conférences pour financer son retour en Afrique. Il retourne à Lambaréné en 1924 avec une équipe de médecins et d’infirmières et à partir de ce moment, il fera plusieurs voyages entre le Gabon et l’Europe, toujours pour financer son hôpital.

Considéré comme le pionnier de la médecine humanitaire, il est récompensé pour son œuvre par le prix Nobel de la paix en 1952. Il décède en 1965 à Lambaréné où il est enterré.


Schweitzer a profité de son discours de remise du prix Nobel pour dénoncer la folie qu’est la guerre, en insistant sur le fait qu'elle est inhumaine et qu'elle constitue le pire des maux pour l'humanité.


Autant savoir.

mardi 20 septembre 2022

Farniente

Ce mot passé en français est un emprunt à la langue italienne : « far-niente » = ne rien faire ! C’est prendre du bon temps, se faire plaisir en se prélassant. Cette douce oisiveté est souvent associée aux pays de sud à la chaleur accablante. Mme de Sévigné en 1676 écrivait déjà : « Personne n’est plus touchée que moi du farniente des Italiens ».


Avec le farniente, on n’est pas loin de « fainéant » et « fainéantise » qui ont la même étymologie mais ont pris une connotation péjorative. Dans nos cours d’histoire du Moyen-Age, les rois mérovingiens ont été surnommés les rois fainéants parce qu’ils avaient « fait néant », ils avaient confié la gestion de leur royaume à leurs maires de palais.

« Le farniente est une merveilleuse occupation. Dommage qu'il faille y renoncer pendant les vacances, l'essentiel étant alors de faire quelque chose. » (Pierre Daninos, « Les vacances à tout prix »)

Autant savoir.

 

jeudi 15 septembre 2022

Armoiries de Grande-Bretagne



« Dieu et mon droit » (= Dieu est mon droit) et « Honi soit qui mal y pense » (= Honni soit qui mal y pense) : ces devises bien françaises figurent sur les armoiries de la Grande-Bretagne. Ce sont des réminiscences du temps où l’on parlait français à la cour du roi d’Angleterre.

Après la bataille d’Hastings en 1066 et la conquête de la couronne royale par le duc Guillaume de Normandie, c’est l’ancien français qui est devenu la langue de l’élite d’Outre-Manche. Et cela durera plus de trois siècles ! Richard Cœur de Lion par exemple ne parlait pas un mot d’anglais. Avec le roi Henri IV, intronisé en 1399, cela commence à changer, l’anglais supplante progressivement le français.

Dieu et (=est) mon droit, c’est l’expression de la royauté de droit divin, elle est la devise de la monarchie britannique depuis cette époque.

Ho(n)ni soit qui mal y pense, c’est la devise de l’ordre de la Jarretière institué en 1348 par le roi Edouard III. Ce souverain, lors d’un bal avait ramassé la jarretière perdue par sa maîtresse, l’avait rattachée à son genou et devant les rieurs de la Cour, il aurait dit, en français : « Tel qui s’en rit aujourd’hui cherchera à la porter demain ».


Autant savoir.

mercredi 14 septembre 2022

Calcul

Le mot « calcul » vient du latin « calculus » (= caillou, pierre) qu’on retrouve dans le langage médical (calcul au rein ou dans la vésicule).

Mais c’est aussi de là que vient notre verbe « calculer » qui signifie littéralement « compter à l’aide de cailloux ». C’était pour nos lointains aïeux un moyen de faire des opérations quand les dix doigts de la main ne suffisaient pas. Mais ces dix doigts ont tout de même donné le système décimal, la base de nos mathématiques.

Dans toutes les régions du globe et à toutes les époques, l’homme a inventé des instruments pour aider au comptage. Citons par exemple la table de multiplication de Pythagore en Grèce au VIème siècle avant JC, le système des baguettes des Chinois apparu au IIIème siècle avant notre ère et en France, la « roue pascaline » de Blaise Pascal en 1642, considérée comme la première machine à calculer.

Il y a bien sûr aussi les très anciens bouliers comme ceux de nos enfants mais aussi plus complexes les abaques, encore en vigueur en Extrême-Orient malgré les outils modernes : caisses enregistreuses, calculettes, computers …


Un abaque chinois.

Le terme « abaque » est une évolution du grec ancien « abax », c’était une tablette recouverte de sable sur laquelle on écrivait ou calculait …et c’était aisé d’effacer et de recommencer.

Autant savoir.

dimanche 11 septembre 2022

Matines brugeoises

Dans la nuit du 18 mai 1302, les cloches des monastères de Bruges sonnent les matines, cet appel à la prière nocturne des moines à 3h du matin. C’est le moment choisi par les révoltés brugeois pour commencer le massacre des soldats français de la garnison qui occupait la cité. Le cri de ralliement dans l’obscurité était « Schild en vriend », deux termes flamands (=bouclier et ami) imprononçables pour les non-natifs de la région qui étaient tout de suite identifiés. Il y aura plusieurs centaines de morts.

Cette histoire est racontée par les chroniqueurs de l’époque mais certains pensent que le « Schild en vriend » était en réalité « ‘s Gilden vriend » (= ami des guildes, les corporations des métiers). Ce serait en effet plus logique.

Le comte de Flandre Gui de Dampierre avait été fait prisonnier par le roi de France ; ce dernier l’accusait d’avoir négocié avec l’Angleterre et avait envoyé des troupes pour affirmer son autorité sur ce fief de la couronne. Mais les Brugeois sous la conduite de Pieter De Coninck se sont révoltés d’où ces matines brugeoises. Quelques semaines plus tard afin de punir les insurgés, le roi de France enverra son armée … qui sera défaite à Courtrai lors de la célèbre bataille dite des éperons d’or. C’était le 11 juillet 1302, ce 11 juillet est devenu la date de la fête de la communauté flamande.


La bataille des éperons d'or, miniature des Chroniques de Saint-Denis

A noter que des Brabançons et des Hennuyers combattaient aux côtés des Flamands lors de cette bataille. Il y avait aussi le comte Jean de Namur (fils de Gui de Dampierre) venu en renfort avec ses hommes d’armes pour assister Pieter De Coninck le chef des « Klauwaerts » (=ceux qui portent des griffes comme le lion du blason) nom des milices flamandes.

Autant savoir.

 

lundi 5 septembre 2022

La cathédrale de Strasbourg sauvée par le bonnet phrygien

Quand la Révolution française éclate en 1789, la tour de la cathédrale de Strasbourg est la plus haute d’Europe (142m !). Les sans-culottes alsaciens ont voulu abattre ce symbole du christianisme abhorré. L’affaire est mise en délibération ; un artisan local appelé Sultzer voulant éviter la destruction de ce monument emblématique de la ville, a une idée géniale : pourquoi ne pas placer en haut de la flèche le bonnet phrygien porté par les adeptes de la nouvelle République ? Il sera vu d’Allemagne ! L’idée est approuvée dans l’enthousiasme et l’on construisit en tôle un gigantesque couvre-chef rouge qui fut hissé au sommet de l’édifice ! Cet appendice pour le moins grotesque restera en place une dizaine d’années, jusqu’en 1802. Mais soyons reconnaissants à ce Sultzer, grâce à qui nous pouvons encore admirer cette superbe cathédrale !



Longtemps conservé dans un musée, ce bonnet métallique sera détruit pendant la guerre de 1870. Dans les rues de Strasbourg, certaines enseignes représentent une image saugrenue : la flèche de la cathédrale surmontée de cet insigne révolutionnaire !




 


Le bonnet phrygien, symbole de la liberté en France, est d’origine antique. Il doit son nom à une région de l’actuelle Turquie et était porté par les esclaves affranchis dans l’empire romain.

Autant savoir.

  

dimanche 4 septembre 2022

Enclos paroissiaux bretons

Ils sont bien connus des amoureux de la Bretagne profonde ces enclos paroissiaux hérissés de statues. Ils sont construits autour de l’église du village avec un mur d’enceinte, on y entre par la porte de la mort (normal, c’est un cimetière), il y a toujours un calvaire orné de statues et parfois un ossuaire (quand la place manquait…). Ces enclos (on en dénombre 70 !) ont tous été érigés aux XVIème et XVIIème siècles, à une époque de prospérité de la région grâce au commerce du chanvre. C’est le fruit d’une rivalité entre paroisses qui voulaient toutes avoir le monument le plus beau.

Un édit royal en 1695 interdisant les constructions de ce genre mit fin à cette vogue. Il fallait financer la guerre : 1695, l’armée de Louis XIV venait de bombarder Bruxelles et sa Grand-Place, plus question de dépenses jugées inutiles…   

 


L’'enclos de Guimiliau


Calvaire de Plougastel Doualas

Autant savoir.

vendredi 2 septembre 2022

Bourse

 


La Bourse d’échanges, c’est l’institution où se tient le marché des valeurs mobilières, c’est un haut-lieu de la finance. Le terme remonte au Moyen-Age lorsqu’une famille brugeoise les Van der Beurze ouvrent en 1285 une auberge au centre de Bruges qui accueillera bientôt des marchands, des prêteurs, les hommes d’affaires de l’époque. Et l’on se donnait rendez-vous « ter Beurze ». En Flamand, c’est devenu le substantif « De Beurs » qui donnera notre mot français Bourse et s’exportera dans de nombreux pays (Borsa en Italie, Bolsa en espagnol, Birza en Russie…)

Il est probable que le succès de ce terme soit dû à l’homonymie avec la bourse, ce petit sac contenant des pièces de monnaie. Il est ici aussi question d’argent même si c’est à petite échelle. Le mot avec ce sens existait depuis bien longtemps puisque « bursa » en latin désignait un récipient en cuir.

De nos jours, les dérivés sont nombreux : débourser, déboursement, rembourser, remboursement, débours, boursier mais aussi boursicoter qui au XVIème siècle ne voulait pas dire « jouer en Bourse » mais bien « faire des économies » !

Autant savoir.

Peau de chagrin

Autrefois, on disait «  se rétrécir comme une peau de sagrin  » et non «  de chagrin  ». C’est la similitude de consonance qui a fait qu’o...