jeudi 28 avril 2022

Snob

Non, le mot « snob » ne vient pas du latin « sine nobilitate » (sans noblesse) comme on pourrait le penser mais bien de la langue anglaise et avec le temps, son sens a évolué.

Dans les années 1800, les étudiants de l’université de Cambridge méprisaient ceux qui n’étaient pas de leur classe sociale et les appelaient des « snobs » ! Un snob à l’époque c’était un cireur de chaussures, un apprenti-cordonnier.

Le terme a été repris par un écrivain William Thackeray dans son ouvrage « The Book of Snobs » (1848). Mais les snobs, pour lui, ce ne sont plus des gens du petit peuple mais les bourgeois nantis et vaniteux de la bonne société londonienne ! Et dans son livre, il se moque de leurs comportements.



Après sa traversée de la Manche, le terme a été utilisé pour un poseur, un personnage qui veut paraître, qui affecte une distinction peu naturelle, dont le seul but est d’être remarqué.

William Thackeray est aussi l’auteur du roman historique « Barry Lyndon » dont Stanley Kubrick a fait en 1975 un film magistral avec la musique de Haendel.


Autant savoir.

lundi 25 avril 2022

La jument et l’étalon

La jument, c’est la femelle du cheval et l’étalon le mâle. Le mot jument vient du latin « jumentum » qui désignait une bête de somme : bœuf, cheval ou âne… On retrouve la racine de « jungere » (unir, lier ensemble) du fait que les animaux de trait étaient souvent attelés deux par deux. Comme on a utilisé de plus en plus le cheval pour les travaux de labour et de préférence les femelles… plus dociles, le terme dès le XIIème siècle a pris la signification actuelle.


                                                    Œuvre du peintre hollandais Adriaan Herman Gauwe (1875-1965)

En revanche, on devait épargner le mâle, reproducteur de la race ; pour ne pas l’épuiser inutilement, il restait plus souvent à la ferme… d’où son nom qui est issu d’un mot germanique « stall » (l’étable).

Etymologiquement, l’étalon, c’est celui qui se repose dans l’écurie, tandis que la jument est aux champs, elle travaille….

Dans les fermes, les chevaux qui d’habitude travaillaient ensemble étaient appelés « frères » et quand l’un des deux mourait, il arrivait souvent que l’autre ne lui survive pas longtemps.

Autant savoir.

 

 

vendredi 22 avril 2022

« Mentir comme un arracheur de dent »

Cette expression nous vient de l’époque heureusement révolue où l’anesthésie n’existait pas. Les praticiens, souvent des charlatans, arrachaient les dents à vif et ils avaient beau faire croire que ce serait sans douleur, c’était toujours une terrible épreuve pour le « patient ».


Cela a changé à partir de 1845 grâce à Horace Wells, un jeune dentiste américain qui avait observé les effets d’un gaz hilarant lors d’une foire : un passant, ayant absorbé ce gaz, s’était blessé à la main mais ne semblait ressentir aucun mal. Ce fut le déclic pour Wells qui essaya ce protoxyde d’azote avec un certain succès.

Pour faire connaître sa découverte, il organise une séance publique d’arrachage de dent, mais fiasco, le cobaye choisi se plaint de douleurs. Alors Wells devient la risée générale et sombre dans la dépression.

Mais son idée suscite l’intérêt auprès d’autres chercheurs qui testeront l’iode puis le chloroforme. Ce dérivé du méthane sera fatal à Wells qui voudra l’essayer sur lui-même : il en deviendra accroc au point de perdre la raison. Il finira par se suicider. Après son décès, l’Académie de Médecine reconnaîtra en lui un pionnier de l’anesthésie.

Autant savoir.

  

mardi 19 avril 2022

Arobase @ ou la queue de singe



Ce sont les
moines copistes du Moyen-Age qui ont inventé ce sigle. Ils utilisaient ce « a » bizarrement coiffé comme abréviation de la préposition latine « ad ». On retrouve ce graphisme quelques siècles plus tard à la Renaissance dans des textes de transactions commerciales dans plusieurs pays d’Europe. Puis il traverse l’Atlantique et là, il désigne le prix unitaire d’un produit.

Tout naturellement, on le retrouve sur le clavier des anciennes machines à écrire américaines et quand, en 1971, Ray Tomlinson invente le courrier électronique, il a l’idée d’employer le @ pour séparer l’adresse du correspondant et le nom de domaine.

Et c’est ainsi que, sans le savoir, en envoyant nos mails (ou courriels), nous reproduisons le geste de ces copistes d’autrefois.

Un peu de linguistique : arobase est une déformation du mot castillan « arroba » qui était une ancienne mesure de poids (entre 12 et 15 kg suivant les régions) en vigueur en Espagne et au Portugal ainsi que dans leurs colonies.

Les Flamands, plus imaginatifs, appellent ce symbole « apenstaart », la queue de singe. !  C'est vrai que le dessin peut faire penser à la longue queue de l'animal entourant son corps...


Autant savoir.

samedi 16 avril 2022

« Des lendemains qui chantent »

Cette belle expression n’est pas très ancienne, elle date de l’entre-deux-guerres. En 1937, un militant communiste, Paul Vaillant-Couturier, publie un texte qui se termine ainsi : « Nous bâtirons un lendemain qui chante ». Et en 1941, la veille de son exécution par les Allemands, le résistant Gabriel Péri, lui aussi communiste, reprend la formule dans sa lettre d’adieu : « Je vais préparer tout à l’heure des lendemains qui chantent » et c’est ce qui la rendra célèbre.

Par la suite, elle sera souvent utilisée par les mouvements de gauche. François Mitterrand, pendant sa campagne pour la Présidence en 1981 promettait également aux Français « des lendemains qui chantent ».

Depuis lors, l’expression a perdu son caractère politique et on l’utilise communément pour parler d’un avenir qu’on espère meilleur. Alors, en ces temps d’incertitude et de morosité, souhaitons-nous des lendemains qui chantent !


Autant savoir.

 

jeudi 14 avril 2022

Cocu(e)

Ce terme familier, qui désigne le conjoint victime de l’infidélité de son ou sa partenaire, vient du nom de l’oiseau, le coucou dont la femelle, selon les ornithologues, a plusieurs partenaires  et une fois fécondée, elle pond ses œufs dans les nids des autres oiseaux qui les couveront à sa place. Elle n’a donc aucunement besoin du père de sa progéniture, une "femelle libérée" en quelque sorte.

Le mot existe depuis longtemps ; dans l’Ancien Régime, le seigneur d’un fief avait le « droit de cocuage ». Cela ne voulait pas dire qu’il pouvait faire cocus ses sujets, non, mais il pouvait infliger à un homme convaincu d’adultère une amende dont le montant allait pour une moitié au mari trompé, l’autre moitié lui revenant !

Il existe quelques locutions amusantes sur le sujet : « cocu en herbe », c’est celui qui a une épouse un peu trop aguichante, « cocu en gerbe », celui l’est réellement et aussi « cocu et content », expression tirée d’un conte de Boccace en 1350 dans lequel l’intéressé ne se plaint pas de son infortune (comme dans la chanson de Serge Lama).

A noter aussi qu’autrefois, cocu ne s’employait qu’au masculin, les hommes étaient sans doute plus fidèles.

Autant savoir.

 

lundi 11 avril 2022

« Avoir plus d’un tour dans son sac »

Cette expression courante, qui s’applique à un personnage rusé, nous vient du langage judiciaire d’autrefois, quand on utilisait de véritables sacs en toile de jute pour archiver les affaires passées devant les tribunaux.

On les appelait les « sacs à procès » (ou de procès) ; ce sont les ancêtres des boîtes dans lesquelles on consigne dans les greffes tous les éléments du dossier : dépositions, requêtes, pièces à conviction…etc. Et pour qu’ils soient à l’abri des rongeurs, jadis, on pendait ces sacs en hauteur.






Sacs à procès

C’est ainsi qu’on parle d’une affaire pendante (non traitée, en cours, elle est dans le sac qui pend au crochet). Quand elle est proche d’une conclusion, on dira qu’une affaire est dans le sac. Pendant les débats au tribunal, on vide son sac (en sortant toutes les pièces à conviction), c’est souvent un sac d’embrouilles ou un sac à nœuds et si l’avocat parvient pendant sa plaidoirie à utiliser efficacement tous les éléments du dossier, on dira qu’il a plus d’un tour dans son sac !

Autant savoir.


 

samedi 9 avril 2022

Comment détermine-t-on la date de la fête de Pâques ?

C’est le Concile de Nicée en 325 qui a décidé que « Pâques est le dimanche qui suit le 14ème jour de la lune qui atteint cet âge ou immédiatement après ».

Formule bien compliquée ! Pour faire un peu plus simple, on dira que c’est le dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps (21 mars). Pâques c’est la résurrection, le symbole du renouveau. Pour les Anciens qui n’avaient pas d’électricité, la lumière naturelle était diablement importante et pour choisir cette fête, ils ont voulu associer la pleine lune et le début des jours plus longs.

Voici le calcul pour 2022 : dans le mois lunaire de l’équinoxe du printemps, la lune était déjà descendante le 21 mars ; il faut donc attendre le mois lunaire suivant qui commence la nuit du 1er au 2 avril pour avoir la pleine lune (le 14ème jour). C’est le samedi 16, la fête de Pâques est donc célébrée le dimanche suivant, le 17 !

C’est assez tard dans l’année puisque selon la règle ci-dessus, Pâques tombe au plus tôt le 22 mars et au plus tard le 25 avril. L’année prochaine, ce sera le 9 avril, en 2024 le 31 mars, en 2025 le 20 avril…etc.

Etymologie : « Pâques » est dérivé du latin « pascua » qui signifie « nourriture » et qui a donné notre « pâturage » : c’est la fin des privations du carême chrétien. Quant aux pâquerettes, ce sont de petites fleurs qui commencent à éclore à cette époque de l’année.


                            Pâquerettes, anciennement « pasquettes » (les petites fleurs de Pâques).

Autant savoir.

 

mercredi 6 avril 2022

Noms des mois


Pour Jules César, le nouvel an c’était le 1er mars (et non le 1er janvier) et à l’origine, les mois étaient simplement numérotés. Notre mois de mars était donc le premier, il s’appelait « Primus », avril le deuxième « Secundus » …etc. Nous en avons conservé septembre, octobre, novembre, décembre qui étaient respectivement le 7ème, 8ème, 9ème et 10ème mois du calendrier julien, ce qui ne correspond plus à leur classement actuel (septembre est le neuvième mois), mais ces dénominations ont été conservées !

 

Par la suite, on ira chercher dans la mythologie le nom de six autres mois : janvier (Dieu Janus), février (divinité Februa), mars (dieu Mars), avril (Aphrodite), mai (divinité Maïa), juin (Junon).

Jules César se réservera juillet et à l’empereur Auguste, on donnera le mois d’août, tous deux de 31 jours pour mettre ces grands hommes sur un pied d’égalité.

Autant savoir.

 

dimanche 3 avril 2022

« Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne »

Ce manifeste date de 1791, en pleine Révolution Française ; on le doit à Olympe de Gouges, une ardente féministe qui voulait compléter la fameuse « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » de 1789 en prônant l’égalité des sexes et revendiquant l’émancipation féminine. Son article 1er dit : « La femme naît et demeure égale à l’homme en droits ». Elle avait aussi des idées d’avant-garde sur d’autres sujets : elle s’opposait notamment à l’esclavage et à la peine de mort.

Cette déclaration des droits de la femme était adressée à la reine Marie-Antoinette à qui elle demandait de défendre le « sexe malheureux ». Notre Olympe, pourtant démocrate convaincue, a voulu porter secours à Louis XVI lors de son procès et s’opposer à son exécution. Ses prises de position contre Robespierre lui ont valu d’être guillotinée le 3 novembre 1793, quelques jours après celle que ses juges appelaient « la veuve de Louis Capet ».


Voici trois extrais de ses écrits qui reflètent bien sa personnalité :

« Le sang, même celui des coupables, versé avec cruauté et profusion, souille éternellement les révolutions. »

« Un bon impôt sur le luxe effréné ! Ah ! Combien l’humanité applaudirait celui-ci. »

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également le droit de monter à la tribune. »

Olympe de Gouges (1748-1793)


Autant savoir.

 

 

vendredi 1 avril 2022

Grenouille de bénitier

Toutes les églises du monde ont leur bénitier dans lequel les fidèles trempent les doigts puis font le signe de croix en entrant dans l’édifice. Et ce rite chrétien a donné naissance à l’expression « grenouille de bénitier ».

Cela se dit de façon ironique pour une personne particulièrement croyante, souvent une femme à la dévotion extrême, une bigote (mot qui vient de l’anglais « by God »). On la voit sans cesse à l’église, s’en éloigne rarement comme la grenouille ne s’aventure jamais bien loin de sa mare.

Et ce qui est amusant, c’est qu’on trouve dans la Basilique St Paul de Narbonne une grenouille taillée dans le marbre au fond du bénitier. Bizarre ! Est-ce une allusion à notre expression ? En tout cas une légende locale donne une explication :

Saint Paul voulait évangéliser la région de Narbonne, mais a failli se noyer durant son voyage. Il a été sauvé des eaux par une grenouille… qui a élu domicile dans le bénitier de l’église de Narbonne, mais ses coassements gênaient les offices, impossible de la faire taire, alors Saint Paul décida de sévir et la fit pétrifier ! La grenouille se trouve toujours au fond du bénitier.








La grenouille du bénitier de Narbonne

Pour les Allemands et les Anglais, pas question de grenouille, la bigote c’est « une souris d’église » tandis qu’en Espagne, c’est « un rat de sacristie », cela se dit aussi chez nous.

Autant savoir.

Peau de chagrin

Autrefois, on disait «  se rétrécir comme une peau de sagrin  » et non «  de chagrin  ». C’est la similitude de consonance qui a fait qu’o...