dimanche 27 mars 2022

Midinette ou fleur bleue

Une midinette est le nom donné à une jeune-fille simple, un peu frivole et naïve, et qui bien sûr rêve d’amour. Se moquant un peu d’elle-même, la chanteuse Maurane disait : « Je suis une midinette très sentimentale ».

Ce terme qui s’est d’abord appliqué aux ouvrières parisiennes de la mode est une contraction de « midi » et de « dînette ». Ces travailleuses avaient peu de temps libre à midi et devaient se contenter d’une collation rapide et légère, une « dînette ». Et durant ces « repas », elles se distrayaient en se racontant leurs amourettes, leurs désirs, leur petit quotidien. D’où le sens actuel.

Au début du XXème siècle, des ouvrières du textile en France et au Québec ont manifesté pour réclamer de meilleures conditions de travail. C’est ce que la presse a appelé la grève des midinettes.

                                             Grève des midinettes dans la presse en 1917

Ayant un sens proche, il y a l’expression « être fleur bleue » qui nous vient de la littérature allemande : plusieurs écrivains du XIXème siècle célèbrent « die blaue Blume », qui symbolise l’amour idéal, objet d’une quête infinie ! Cette belle formule est passée en français et c’est ainsi qu’une personne romantique, sentimentale est qualifiée de « fleur bleue ».

« Soyez donc fleur bleue… Vous vous faites cueillir ! » (Henri Jeanson)

Autant savoir.

 

 

 

 

vendredi 25 mars 2022

Orange

 La couleur emblématique des Pays-Bas est l’orange et cela vient du nom de la famille royale régnante les Orange-Nassau eux-mêmes descendants de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, le père de la nation batave, qui a secoué le joug espagnol au XVIème siècle.

A cette époque, la ville d’Orange dans le Vaucluse français était rattachée à l’Empire Germanique et c’est ainsi que ce Guillaume pourtant d’origine allemande avait le titre de Prince d’Orange.



La famille royale des Pays-Bas (2014)



Le nom de cette ville ne vient pas du fruit, elle s’appelait « Arausio » à l’époque romaine mais à la Renaissance, le négoce de ces agrumes y était florissant et cela a influencé l’évolution d’Arausio en Orange. En langue occitane, elle s’appelle « Aurenja ».

Quant à l’étymologie du nom du fruit, il faut la chercher dans l’italien « arancia » dérivé de l’arabe « nãrandj ».

« Je maintiendrai », cette maxime de Guillaume le Taciturne, est toujours (en français) la devise nationale du royaume des Pays-Bas… et bien sûr de la ville d’Orange.

             




Blason de la ville d'Orange.



Autant savoir.

mardi 22 mars 2022

Le printemps des poètes

 « Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !

Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,

Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! »

 C’est de l’incontournable Victor Hugo. Un peu de poésie, cela fait du bien dans ce monde violent qui en a tant besoin. Le choix de poèmes sur cette belle saison est infini mais à la verve hugolienne, on peut préférer le langage un peu suranné mais plein de charme de Charles d’Orléans qui, il y a bientôt six siècles, chantait ces quelques vers :             

 « Le temps a laissé son manteau 

De vent, de froidure et de pluie 

Et s’est vêtu de broderies, 

De Soleil luisant, clair et beau.

 

Il n’y a bête, ni oiseau

Qu’en son langage ne chante ou crie

Le temps a laissé son manteau

De vent, de froidure et de pluie.

 

Rivières, fontaines et ruisseaux

Portent en livrée jolie

Gouttes d’argent, d’orfèvrerie

Chacun s’habille de nouveau.

Le temps a laissé son manteau »

 Le printemps (1450) de Charles d’Orléans

 Comme l’écrivait Jacques Prévert, « C’est beau, que dire de plus ?... Très beau ! »

 Autant savoir.

 

dimanche 20 mars 2022

Les vaux de mars.

Les « vaux de mars » : belle expression souvent entendue en Belgique, inconnue des Français qui ne parlent que de giboulées, ces chutes de neige fondantes à la sortie de l’hiver.


Mais comment orthographier ? Vaux, veaux ou vaulx ? Le mot en tout cas vient du verbe latin « vallere » qui signifie tomber et « vaux » peut paraître le plus correct, le pluriel de val comme dans Vaux-sous-Chèvremont, cette localité de la région liégeoise. Quant à « veaux », c’est pour le moins incongru : que viennent faire ces jeunes bovins dans un phénomène météorologique ? « Vaulx » est sans doute fautif mais plus original, on le retrouve dans Vaulx-en-Velin dans l’Hexagone.

Le « bon » français connaît une tournure avec la même racine : « à vau-l’eau » (au fil de l’eau) qui a pris un sens figuré comme dans cette citation de Balzac : « Voilà tous mes plans à vau-l’eau » ; autrement dit : tout est fichu !

Terminons par un dicton pour les jardiniers : « Taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars. »

Autant savoir.

 

vendredi 18 mars 2022

Être sur la sellette

C’est être exposé au jugement d’autrui, à la critique. Cette expression vient du domaine juridique des siècles passés : la sellette en vieux français c’était le tabouret sur lequel, au tribunal, était assis le prévenu face à ses juges. Et ce siège était très bas afin que l’intéressé se sente en position inférieure et inconfortable.







Scène au tribunal d'autrefois


Dans ce mot on retrouve la racine du verbe latin « sedere » (=être assis) qui a donné pas mal de dérivés notamment la selle du cavalier ou du cycliste sans oublier la chaise percée quand on va à la selle !

La sellette, c’était l’ancêtre de notre « banc des accusés », ces accusés qui peuvent être mis au « ban de la société ». Le « ban » ici (sans c !) n’a rien à voir avec un quelconque strapontin. C’est un terme issu de la féodalité et qui désignait au départ la proclamation d’une décision officielle et par extension la région concernée par cette ordonnance (le fief).

On retrouve cette signification dans « les bans de mariage » (une déclaration publique) et « convoquer le ban et l’arrière-ban » (exiger la présence ou l’assistance… jadis de ses vassaux) mais aussi dans « banlieue », la région située à une lieue de la cité et qui dépend de sa juridiction…

Autant savoir.

 

mercredi 16 mars 2022

Paul Deschanel, le Président devenu fou ?

La nuit du 22 au 23 mai 1920, près de Montargis dans le Loiret en France, un cheminot rencontre, marchant sur les voies du chemin de fer, un homme hagard en pyjama se prétendant être le Président de la République. C’était en effet le Président Paul Deschanel qui, pris d’une crise d’angoisse et d’étouffement, avait voulu sortir du train en marche et était tombé sur les rails. Le convoi roulant à faible vitesse, l’infortuné voyageur n’était que légèrement blessé.


Situation cocasse dont s’est emparée la presse. Cet incident rocambolesque a fait la une de tous les journaux et pendant les semaines qui ont suivi, toute la France s’est déchaînée contre ce Président devenu fou, disait-on. Les ragots et « témoignages » ont afflué : on l’aurait vu nager nu dans une pièce d’eau dans le parc de Rambouillet, grimper à un arbre dans le parc de l’Elysée, il aurait signé Napoléon au bas de missives officielles, à Nice il aurait lu deux fois de suite le même discours…

Pris dans l’œil du cyclone médiatique, Paul Deschanel est contraint de démissionner. Mais l’homme avait de la ressource : une fois l’orage passé, il revient à la vie politique, se présente aux élections et est élu sénateur. Après opprobres et railleries, il retrouve la considération du public et même les honneurs. Décédé des suites d’une grippe en 1922, il aura des funérailles nationales.

Autant savoir.

 

lundi 14 mars 2022

Forsythia

Il annonce le retour de la belle saison avec sa floraison d’un jaune éclatant. Très commun aujourd’hui dans nos parcs, il a été importé du Japon au tout début du XIXème siècle et porte le nom du surintendant des jardins de sa Majesté britannique, William Forsyth.


En fait, c’est un professeur de botanique à Copenhague, Martin Vahl, qui a découvert cette plante en 1804 et l’a ainsi baptisée en hommage à son ami, William Forsyth qui venait de décéder. Et c’est ainsi qu’un peu partout dans nos régions, des arbustes colorés de jaune célèbrent au printemps la mémoire de William Forsyth … qui n’y est vraiment pour rien ! La gloire est ainsi faite, parfois bien injuste : plus personne ne se souvient de Martin Vahl.

Comme le chantait Georges Brassens : « Trompettes de la Renommée, vous êtes bien mal embouchées ! »

Autant savoir.

vendredi 11 mars 2022

Heure GMT et fuseaux horaires.

Autrefois, chaque ville ou région avait sa propre heure calculée en fonction de la position du soleil. Pas très pratique évidemment pour les échanges commerciaux ou les voyages.

Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que le globe a été divisé en 24 fuseaux horaires suivant les méridiens (nord-sud) mais avec des adaptations pour inclure tout le territoire d’un pays dans un même fuseau. Ils sont numérotés en + ou – par rapport à l’heure anglaise devenue la référence dite GMT (Greenwich Mean Time) ou UTC (Temps Universel Coordonné).


« Royal Observatory Greenwich » au sud de Londres.

Au début du XXème siècle, la Belgique et la France se trouvaient dans même fuseau que Londres. Nous avions donc l’heure GMT tandis que l’Allemagne était GMT+1. Mais quand nos pays ont été occupés par les armées nazies, il a fallu se mettre à l’heure allemande et avancer les pendules. En 1945, en bonne logique, on aurait dû retrouver la situation d’avant-guerre, mais nos gouvernants avaient bien d’autres préoccupations et nous avons conservé le décalage d’une heure par rapport à Londres.

Quant au passage de l’heure d’hiver à l’heure d’été, ce sont les Allemands qui ont commencé en 1911 suivis par beaucoup d’autres nations (70 actuellement). Dans nos pays, on a abandonné cette alternance avec la deuxième guerre mondiale pour la reprendre en 1975 lors d’une crise du pétrole. Et elle était remise en cause en 2019 quand le Covid est arrivé…

« L’heure c’est l’heure ; avant l’heure, c’est pas l’heure ; après l’heure, c’est plus l’heure ! »

Autant savoir.

 

mardi 8 mars 2022

Cheval Bayard et les quatre fils Aymon

 


                                    Le cheval Bayard et les quatre fils Aymon à Namur (œuvre d’Olivier Strebelle)

Cette légende médiévale raconte l’histoire de Bayard, un cheval fabuleux créé par un magicien et offert par Charlemagne à Renaud de Montauban, l’aîné des fils Aymon. Mais ce Renaud au cours d’une rixe tue le neveu de l’Empereur. Ce dernier, voulant le punir, le fait pourchasser mais Renaud parvient à s’enfuir et traverser la Meuse avec ses trois frères sur le puissant et insaisissable Bayard.


Selon une version de ce récit, Renaud se serait finalement rendu à Charlemagne qui a voulu éliminer Bayard en le jetant dans la Meuse avec une meule au cou. Mais le cheval est parvenu à nager vers l’autre rive et s’est enfui dans les forêts ardennaises.

 

En grimpant sur les rochers, il a ouvert une énorme crevasse qui a donné le rocher Bayard visible près de Dinant.

 Le rocher Bayard à Dinant

 

En Flandre, la ville de Termonde (Dendermonde) célèbre la légende de Bayard qui aurait franchi l’Escaut (et non la Meuse !) emportant sur son dos les quatre fils Aymon ! Tous les dix ans, un cortège folklorique traverse la cité avec un char représentant Bayard chevauché par quatre frères d’une famille de la région.

Était-ce l’Escaut ou la Meuse ? Encore un sujet de controverse entre Flamands et Wallons …


Autant savoir.

 

dimanche 6 mars 2022

Renvoyer aux calendes grecques ou … à la Saint-Glinglin !

« Renvoyer aux calendes grecques », cela signifie remettre à plus tard, mais sans avoir vraiment l’intention de revenir sur le sujet.

Encore une réminiscence du calendrier Julien, du moins à ses débuts. Du temps de Jules César, on ne parlait pas encore de la semaine de sept jours qui apparaîtra plus tard avec le christianisme. A cette époque, le mois était divisé en trois périodes : les calendes, les ides et les nones. Les Grecs ne connaissaient pas cette subdivision, renvoyer aux calendes grecques, c’est donc renvoyer à une période qui n’existe pas.

Ayant un sens analogue, il y a aussi « la semaine des quatre jeudis » ou « quand les poules auront des dents » ou encore « à la Saint-Glinglin » ! Cette dernière expression fait allusion à une fête religieuse fictive dont le nom tinte comme une cloche : on ne sait pas quand elle sonnera ! Dans Glinglin, sorte d’onomatopée, on retrouve la racine du verbe néerlandais « klinken » (=sonner, tinter).


                                                Vu à Lannion en Bretagne

Autant savoir.

 

vendredi 4 mars 2022

Sainte Nitouche

Inutile de consulter la liste de tous les saints de notre calendrier, Nitouche n’y est pas ! C’est une expression moqueuse pour désigner une femme un peu trop réservée qui fait preuve d’une délicatesse extrême et même de pudibonderie.

La tournure existait déjà en ancien français ; on la retrouve au XVIème siècle, sous la plume du truculent Rabelais dans son Gargantua. A l’origine c’est un jeu de mots bien gaulois, dans sa formulation complète, on disait : « C’est une sainte qui n’y touche pas ! ». 

En fait c’est une référence assez crue à l’acte charnel, et la Sainte-Nitouche, comme la bonne du curé d’Annie Cordy, voudrait bien mais ne peut point


« A la Sainte-Nitouche / Personne ne couche ni touche » (Dicton français)

Autant savoir.

mercredi 2 mars 2022

Paul Eluard « Liberté »


En 1944, des feuillets reprenant ce poème « Liberté » ont été parachutés à des milliers d’exemplaires sur le sol français par des avions britanniques. Ce texte était devenu le symbole de la résistance à l’occupation allemande…. On pourrait l’envoyer en Ukraine !

Et pourtant, l’auteur l’avait écrit initialement pour déclarer son amour à sa compagne et après les vingt strophes scandées par « J’écris ton nom », le dernier mot était « Nusch », celle qu’il aimait et qu’il épousera. A ce moment de la guerre, Eluard se cachait avec d’autres résistants et quelques Juifs dans un asile d’aliénés en Lozère. Ses compagnons le persuadèrent d’en faire un hymne à la liberté et c’est ainsi qu’il remplaça « Nusch » par « Liberté ».

« Sur mes cahiers d'écolier / Sur mon pupitre et les arbres / Sur le sable sur la neige

J'écris ton nom

 Sur les pages lues / Sur toutes les pages blanches / Pierre sang papier ou cendre

J'écris ton nom (…)

 Sur les merveilles des nuits / Sur le pain blanc des journées / Sur les saisons fiancées

J'écris ton nom (…)

 Sur les champs sur l'horizon / Sur les ailes des oiseaux / Et sur le moulin des ombres

J'écris ton nom

 Sur chaque bouffée d'aurore / Sur la mer sur les bateaux / Sur la montagne démente

J'écris ton nom

 Sur la mousse des nuages / Sur les sueurs de l'orage / Sur la pluie épaisse et fade

J'écris ton nom (…)

 Et par le pouvoir d'un mot / Je recommence ma vie / Je suis né pour te connaître /

Pour te nommer 

 LIBERTE »

 Paul Eluard / Poésies et Vérités, 1942

 Autant savoir.

 

Peau de chagrin

Autrefois, on disait «  se rétrécir comme une peau de sagrin  » et non «  de chagrin  ». C’est la similitude de consonance qui a fait qu’o...