Hormis quelques philologues, plus personne ne lit les poèmes de Clément Marot (1496-1544) et pourtant il est considéré comme le premier poète moderne de la jeune langue française, un précurseur de La Pléiade (du Bellay, Ronsard…).
Il y a tout
de même un qui est resté, un texte coquin qui a amusé et fait rire pas mal de
générations. Le voici in extenso ci -dessous avec l’orthographe et les tournures
de l’époque :
« Tetin refaict, plus
blanc qu’un œuf, /Tetin de satin blanc tout neuf,
Tetin qui fait honte à la rose, / Tetin plus beau que nulle chose ;
Tetin dur, non pas Tetin, voyre, / Mais petite boule d’Ivoire,
Au milieu duquel est assise/ Une fraize ou une cerise,
Que nul ne voit, ne touche aussi, / Mais je gaige qu’il est ainsi.
Tetin donc au petit bout rouge / Tetin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller, / Soit pour courir, soit pour baller.
Tetin gauche, tetin mignon, / Tousjours loing de son compaignon,
Tetin qui porte temoignaige / Du demourant du personnage.
Quand on te voit il vient à mainctz / Une envie dedans les mains
De te taster, de te tenir ; / Mais il se faut bien contenir
D’en approcher, bon gré ma vie, / Car il viendroit une aultre envie.
O tetin ni grand ni petit, / Tetin meur, tetin d’appetit,
Tetin qui nuict et jour criez / Mariez moy tost, mariez !
Tetin qui t’enfles, et repoulses / Ton gorgerin de deux bons poulses,
A bon droict heureux on dira / Celluy qui de laict t’emplira,
Faisant d’un tetin de pucelle / Tetin de femme entiere et belle »
Clément
Marot est aussi à l’origine d’une règle grammaticale, casse-tête des écoliers,
et bien malmenée aujourd’hui : l’accord du participe passé qui s’accorde quand l’objet est placé avant !
En visite en Italie, il avait découvert cette complication et il a cru bien
faire en l’appliquant en français. Voltaire,
jamais avare de bons mots, aura deux siècles plus tard ce commentaire : « Clément
Marot a ramené deux choses d’Italie : la vérole et l’accord du participe
passé…Je pense que c’est la deuxième qui a fait le plus de ravages ! »
Autant savoir.